La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -317-Le mécénat danse de la Caisse des Dépôts et les chorégraphes débutants : un accélérateur de maturité

Hopak par Olga Dukhovnaya : créer une forme de danse palimpseste

Hopak par Olga Dukhovnaya : créer une forme de danse palimpseste - Critique sortie  Tremblay-en-France
Crédit : Geoffrey Montagu Hopak d’Olga Dukhovnaya Crédit : Geoffrey Montagu Olga Dukhovnaya répète Hopak

Entretien
Olga Dukhovnaya

Publié le 20 décembre 2023 - N° 317

Olga Dukhovnaya est une jeune chorégraphe franco-ukrainienne déjà très remarquée. Elle nous parle de sa prochaine création Hopak, de sa démarche d’artiste et de l’apport de la Caisse des Dépôts dans son parcours.

Quel est votre parcours ?

Olga Dukhovnaya : Je suis née à Dnipro en Ukraine mais je suis partie étudier la danse à P.A.R.T.S, l’école d’Anne Teresa De Keersmaeker à Bruxelles. Par chance, lors d’un stage à Vienne j’ai rencontré Boris Charmatz qui avait besoin de 25 danseurs pour la création de Levée des conflits. J’ai ensuite participé à toutes ses créations pendant quinze ans. Je me suis lancée dans mes propres créations grâce au COVID car tout était à l’arrêt.

Votre prochaine création, Hopak, s’inspire d’une danse folklorique ukrainienne. Qu’est-ce qui vous a intéressée dans cette forme ?

O.D. : Le hopak est une danse extrêmement virtuose, d’autant que j’ai choisi la partie masculine, avec ses sauts invraisemblables, ses tours inouïs, ses pliés périlleux. C’est comme un mélange entre la danse classique, et la danse break, très technique, avec des passages au sol, accroupi. Il est clair que nous, dans notre duo, ne les réussissons pas. Mais ce qui m’intéresse justement, c’est ce mouvement impossible à faire, et la stratégie pour y arriver.

« Le mécénat crée du lien entre l’artiste et les structures professionnelles. »

Pourquoi recycler des danses existantes ?

O.D. : Je ne suis pas une chorégraphe intéressée par la création d’un mouvement ou d’un vocabulaire. J’aime mettre mes pas dans les pas des autres, composer une forme de danse palimpseste. À la fin de mon master au CNDC, j’ai créé Korowod qui s’appuyait sur les danses slaves féminines, notamment les danses en cercle, communes à la quasi-totalité des folklores. Je voulais travailler cette forme démodée, et créer de l’art d’aujourd’hui à partir de figures archaïques. Idem pour Swan Lake Solo dans lequel j’emprunte le vocabulaire du Lac des cygnes de Petipa. Hopak se fonde sur le même processus.

Comment la Caisse des dépôts est-elle intervenue dans la genèse de cette création ?

O.D. : De façon très concrète, la Caisse des Dépôts contribue à la réalisation de la création d’Hopak, à hauteur d’environ 15% du budget global. Ce que je trouve très intéressant dans la façon dont ils procèdent, c’est qu’ils créent du lien entre l’artiste et les structures professionnelles ou les organismes de repérages d’artistes. Grâce à ce soutien, nous avons pu être en prise avec l’ONDA pour la diffusion ou avec ARVIVA qui œuvre pour la transition écologique dans le domaine des arts vivants. Le mécénat est important au niveau financier, mais aussi à l’endroit de mises en relation et de réflexions partagées. Le soutien de la Caisse des Dépôts intervient aussi sur les résidences de création, au sens où son apport joue sur les temps de travail, notamment en termes de salariat des équipes, danseurs, techniciens, administratrice. De ce fait, nous pouvons bénéficier de plages de répétitions et de préparation plus longues, et cela nous offre également des périodes de réflexion sur la création.

La guerre avec la Russie a-t-elle eu un impact sur votre choix d’une danse ukrainienne ?

O.D. : Quand la guerre a débuté en 2022, la propagande pro-russe a affirmé que la culture ukrainienne n’existait pas historiquement. Or, durant la longue période soviétique, toutes les cultures locales ont été interdites. Cette culture ukrainienne n’est donc pas si évidente à cerner. Mais puisque ça n’existe pas, nous pouvons l’inventer ! Je n’ai aucune idée de ce que le hopak pouvait être à l’origine, ni des différences entre les danses ukrainiennes et russes car elles sont très similaires. J’ai décidé de me lancer en utilisant des outils très formels de décomposition pour créer un Hopak très contemporain, avec un accordéoniste néerlandais qui marie son instrument avec la musique électronique d’une façon géniale, et qui sera sur scène avec nous.

 

Propos recueillis par Agnès Izrine

A propos de l'événement

Hopak
du samedi 25 mai 2024 au samedi 25 mai 2024


Création le 25 Mai 2024 au Théâtre Louis Aragon Scène conventionnée d’intérêt national Art & création de Tremblay-en-France, dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint-Denis.

 

Boom’Structur – Pôle chorégraphique

CDCN en préfiguration

190 Bd Gustave Flaubert, 63000 Clermont-Ferrand.

Caissedesdepots.fr/mecenat

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