Où chaque souffle danse nos mémoires
Après le Cloître des Carmes lors du dernier [...]
Focus -232-Centre des Monuments Nationaux
Au Panthéon, Radhouane El Meddeb a chorégraphié pour dix jeunes danseurs amateurs Heroes, prélude, hommage à la grandeur du passé et la vitalité du présent.
C’est la première fois que vous travaillez avec les danses dites « urbaines »… Comment ce projet est-il né ?
Radhouane El Meddeb : Depuis 2011, en tant qu’artiste associé au Centquatre, je croise, matin, midi et soir, les jeunes qui, dans l’espace de la nef, dansent, s’entraînent, infatigables. Hiver comme été, ils répètent, ils se regardent, ils s’échangent des techniques. J’ai toujours été interpellé par leur ferveur. Par leur rapport au public aussi : ils ne sont pas protégés par un studio, ils assument leurs prises de risque, leurs maladresses, leurs pannes, à la vue de tous… Leurs danses, leurs sons, leurs façons de s’habiller, de se comporter ne me sont pas familiers ; je les ai donc beaucoup regardés. Puis j’ai fini par aller vers eux, ouvert des ateliers, et proposé à certains de travailler avec moi – en leur disant très sincèrement que je ne savais pas vraiment ce que serait ce travail, mais qu’il serait fait avec eux, pour eux, et qu’il impliquerait aussi qu’eux-mêmes soient prêts à s’ouvrir à mes questions, à mes recherches. Certains m’ont suivi dans ce projet, et nous avons beaucoup parlé, beaucoup dansé…
Que souhaitiez-vous explorer avec eux ?
R. E. M. : Leurs danses sont des danses sans trêve : des danses du dépassement, de l’exploit, on pourrait même dire de l’exhibition. Ce qui est passionnant chez ces danseurs, c’est qu’ils portent tous un rêve, une grande ambition – mais je dirais que le rêve est dans leur tête et pas dans leur danse, qui semble toujours mettre l’émotion à distance. Certains se sentent même empêchés d’aller ailleurs, de mélanger leur danse à d’autres danses, de la confronter à d’autres sons, d’autres costumes… Il y a une sorte de sacralisation de la danse par laquelle ils s’expriment. Ce qui m’intéresse au contraire, c’est de désacraliser ce langage, de le détourner : l’enjeu de ce projet, pour moi, était d’explorer avec eux la façon dont la danse elle-même pouvait contenir du rêve, contenir de la pensée. C’est donc un travail sur l’émotion et sur le sens de la danse que nous avons fait.
Au Panthéon, cette pièce prend-elle un sens spécifique ?
R. E. M. : Le Centre des Monuments Nationaux a immédiatement été intéressé par ce projet et m’a proposé de le programmer au Panthéon. Quand j’ai visité le lieu, j’ai compris qu’en effet, y présenter la pièce était d’une incroyable justesse : c’est un hommage à ce lieu emblématique, mais c’est aussi une façon de rendre hommage à ces danseurs et, au-delà, à toute la génération qu’ils représentent. C’est en visitant le monument que j’ai trouvé le titre de la pièce : Heroes, prélude. Les héros du Panthéon, mais aussi les jeunes héros d’aujourd’hui et la passion qu’ils portent… L’occasion de voir comment un lieu d’Histoire peut, aujourd’hui, faire vivre une jeunesse en questionnement, en quête de repères et de valeurs.
Propos recueillis par Marie Chavanieux
Panthéon, 75005 Paris. Les 14 et 15 avril 2015 à 19h (gratuit). Tél. : 01 44 32 18 00.
Tél : 01 44 61 21 50. www.monuments-nationaux.fr
Après le Cloître des Carmes lors du dernier [...]