Hamlet, Je suis vivant et vous êtes morts

Montrer l’invisible, dire l’indicible : c’est ce que peuvent la musique et – paradoxalement – les images. Wilfried Wendling s’empare de la figure mythique d’Hamlet. Comme il le souligne, « Hamlet est sans doute l’une des pièces les plus mises en scène et dont les versions cinématographiques sont les plus nombreuses. Tous ces fantômes hantent l’imaginaire théâtral génération après génération. Ces multiples spectres de la pièce mythique poursuivent tout acteur qui ose aborder la question hamlétique ».

Les spectres d’Hamlet

Le spectre devient ainsi le point central de la réécriture du mythe à laquelle se livre le compositeur. Croisant la pièce de Shakespeare avec Ubik, classique de la science-fiction de Philip K. Dick, il n’a retenu que « quelques scènes emblématiques, accompagnées des grands monologues métaphysiques » que l’acteur Serge Merlin – le génial interprète de Beckett et Thomas Bernhard – incarne sur scène, mais comme dépossédé de son propre corps et de sa propre voix : « les images le démultiplient sur tous les murs du théâtre et lui-même semble se mêler aux archives de la pièce. » Autre fantôme ici bien présent : celui de Pierre Henry. Le compositeur, disparu cet été, cosigne avec Wilfried Wendling la création sonore de cet Hamlet.

Jean-Guillaume Lebrun