« Freda », seul en scène autofictionnel de Kaïnana Ramadani et Azani V. Ebengou sur une héroïne en quête d’émancipation

« Kaïnana Ramadani et moi-même nous sommes rencontrées à l’issue de nos formations théâtrales respectives. Après avoir présenté une première version de Freda lors de sa sortie d’école, Kaïnana a fait appel à moi pour poursuivre son travail et en faire un spectacle. Nous avons décidé que ce serait la première création de notre compagnie Les Pleureuses de feu, que nous avons fondée pour faire entendre des voix marginalisées, réduites au silence : des voix de femmes, de personnes noires, lesbiennes ou queer… Nous avons ainsi réécrit Freda à quatre mains, en nous inspirant du vécu de Kaïnana. Le personnage qu’elle incarne sur scène se prénomme Mariama. C’est une actrice noire, d’origine réunionnaise-comorienne, qui vit en France.

Un héritage en question

Freda s’ouvre sur le refus de Mariama de continuer à jouer le rôle de Joséphine Baker dans une biographie théâtrale. Cette artiste fut, bien sûr, idolâtrée, mais aussi fétichisée et exotisée. En parlant de son refus, Mariama donne à voir la continuité qui existe entre la période coloniale et notre époque. La question de l’émancipation des personnes noires est centrale. Avec cette création, Kaïnana, moi-même et toutes les personnes qui nous accompagnent souhaitons ouvrir un espace de représentation permettant de déployer la diversité de nos personnalités et de nos histoires, qui sont encore trop peu présentes sur les scènes françaises ».

Propos recueillis par Anaïs Heluin