La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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François Rancillac, metteur en scène

François Rancillac, metteur en scène - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 janvier 2009

L’irruption de la parole dans des salles de classe

Zoom, prise de parole maladroite d’une mère qui tente de sauver son fils, se joue dans une salle de classe, sans décor ni accessoires.

A quels aspects de l’écriture de Gilles Granouillet êtes-vous le plus sensible ?
François Rancillac : Ce qui me touche sans doute le plus, c’est que l’écriture de Gilles Granouillet essaie d’inventer un théâtre populaire d’aujourd’hui. Il s’agit d’un auteur d’origine ouvrière, qui a découvert le théâtre à Saint-Etienne, grâce à Jean Dasté. Il a grandi dans cette culture de la décentralisation théâtrale et se lance en permanence le défi de l’accessibilité. Je crois que la réussite fondamentale de son travail est de parvenir à inventer de nouvelles formes, à questionner l’écriture contemporaine, tout en racontant des histoires. Car il aime les histoires, et fait confiance au théâtre pour les raconter. Comment explorer toutes les recherches et tous les enjeux de l’écriture d’aujourd’hui sans perdre personne en route ? Voilà, me semble-t-il, les questions auxquelles Gilles Granouillet répond, notamment à travers Zoom.
 
« L’écriture de Gilles Granouillet essaie d’inventer un théâtre populaire d’aujourd’hui. »
 
Quels étaient les termes de cette commande ?
F. R. : L’idée était de créer un monologue destiné aux adolescents, un monologue qui puisse se jouer à l’intérieur même des classes. Après quelques semaines de réflexion, Gilles Granouillet m’a dit qu’il souhaitait écrire l’histoire d’une mère ayant des problèmes avec son fils. Zoom est un texte sur la transmission. Qu’est-ce qui se passe lorsqu’un parent ne laisse pas la parole à son enfant ? Qu’est-ce que c’est que réussir sa vie ? Ancré dans les difficultés de populations socialement défavorisées, mais sans misérabilisme, à travers même une forme de truculence, Zoom présente une mère qui, se sentant exclue du monde, essaie de sauver son enfant. Elle le fait de façon extrêmement maladroite, mais elle le fait.
 
Quel principal défi de mise en scène ce projet représente-t-il ?
F. R. : Pour Zoom, mon travail revient à faire naître le théâtre à partir de la seule prise de parole d’une comédienne. Car, je ne souhaite surtout pas que l’on pousse les tables et les chaises, que l’on installe un décor dans une classe. Ce qui m’intéresse, c’est de traiter la notion du personnage qui fait irruption à l’école comme elle ferait irruption dans la société. Cette irruption doit intervenir en préservant l’aspect ordinaire de la salle de classe. Sans toucher à cet espace, je souhaite parvenir à l’investir pour faire en sorte que quelque chose de fort y naisse.
 

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


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