Une famille innocente ? / Le Projet Antigone
Alexis Moati crée quatre formes courtes nées [...]
Focus -257-La Criée, Théâtre national de Marseille
Tiphaine Raffier, artiste associée à la Criée et au Théâtre du Nord, amène le théâtre vers la science-fiction avec des âmes qu’on télécharge pour se réincarner…
France-fantôme est-il un récit de science-fiction ?
Tiphaine Raffier : Absolument. L’histoire se passe en France, dans un monde où l’on télécharge ses souvenirs dans des coffres-forts, ce qui permet, une fois mort, de donner naissance à une âme dupliquée qu’on peut ensuite télécharger dans une autre enveloppe corporelle. Le premier mouvement de la pièce suit ainsi une femme qui perd son mari et, pour apaiser son chagrin, réincarne son âme dans un autre corps. C’est de la science-fiction mais, contrairement au cinéma, les voitures au théâtre ne volent pas. On cherche plus là à regarder le monde d’aujourd’hui à partir du futur, à partir d’une dystopie qui interroge notamment notre rapport au corps et à l’image.
Est-ce pour porter une critique sur l’essor des nouvelles technologies ?
T. R. : C’est souvent ce qu’opèrent les œuvres d’anticipation, mais j’espère y échapper. En tout cas, ce n’est pas mon point de départ. C’est naturel de rechercher l’immortalité. La technologie opère une tentative de consolation et permet de se battre contre l’oubli. Il y a pourtant une nécessité de l’oubli et l’objectif est aussi de se demander si l’on augmente vraiment l’homme par la technologie. Dans la pièce, comme souvent dans l’Histoire des hommes, cette nouvelle technologie donne également naissance à une nouvelle forme d’art. Un groupe secret se forme donc pour créer un art interdit où la beauté naïve se révolte contre le désastre du monde. Je crois beaucoup à cette définition de l’art portée par l’auteure iranienne Azar Nafisi : « L’art, c’est quand la beauté se révolte contre la laideur du sujet abordé ».
Propos recueillis par Eric Demey
Tél. 04 91 54 70 54.
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