Focus Australie avec la Sydney Dance Company et la Dancenorth Australia et les chorégraphes Rafael Bonachela et Kyle Page

Ce printemps, deux grandes compagnies australiennes investissent les planches de Chaillot, compagnies dont la gestuelle organique et hyper-émotionnelle est portée par une technique rigoureuse. On découvre d’abord la Sydney Dance Company, fondée en 1969 et menée par le chorégraphe catalan Rafael Bonachela, ancien de la Rambert Dance Company de Londres, qui accompagne les Australiens depuis 2008. Ils nous livrent une performance précise et intense avec ab [intra] (2021), une « exploration de nos instincts primaires, nos pulsions et de nos réponses viscérales » selon le chorégraphe. Sur scène, dix-sept danseurs à la technique sans faille font jaillir leur force intérieure pour la communiquer au public. À travers des ensembles magiques, animés par une approche du mouvement fluide et puissante, ils comptent bien rendre l’atmosphère totalement électrique.

Briser les murs

Puis direction le Queensland septentrional (région du Nord de l’Australie) pour rejoindre la célèbre Dancenorth Australia, autre structure très influente du continent. Née dans les années 70, cette compagnie dirigée depuis 2015 par Kyle Page et Amber Haines développe une approche somatique connectée aux éléments, liée à la philosophie des Aborigènes. Dans Dust (2018), ils déplient leur danse organique et virtuose dans une scénographie imaginée par le studio Liminal Space. Sur scène, les interprètes se confrontent et dialoguent avec des installations minimalistes, évoquant murs, barrières et frontières. Ils interrogent  intensément. Quels obstacles et opportunités nous impose la vie lorsqu’on nait ? Doit-on s’en accommoder ou s’en libérer ? Que disent-ils de notre rapport au monde ? Tantôt sensuels, tantôts brutaux, ils livrent une danse irradiante qui captive.

Belinda Mathieu