Eric Lacascade crée Œdipe roi sous la nuit étoilée

« Cette tragédie dynamite tout : le rapport à la famille, aux dieux, à la cité, à l’autorité, au pouvoir, au destin. Ce texte hors normes est d’une densité peu commune. En une seule journée, Œdipe, au sommet de sa puissance, perd tout. Il a terrassé la Sphinx, gouverne depuis une quinzaine d’années, connaît le bonheur absolu d’une famille aimante, et, en quelques heures, sombre dans l’abîme, car la cité est touchée par une pandémie dont l’oracle de Delphes dit qu’il est responsable. Le sol de la cité est contaminé par son crime : on assiste à sa chute avec angoisse.

Pour un théâtre des situations

Intelligent et brillant, Œdipe est aussi violent et tyrannique. Il n’écoute pas les dieux, ce que disent les anciens, la terre et les arbres. C’est avant de se crever les yeux qu’il est aveugle, quand il fait fi des oracles et des conseils, des dieux qui sont partout dans la biosphère et du peuple qui l’invite à suivre rites et coutumes. On pense évidemment à l’actualité, mais on ne saurait s’en contenter. Il n’y a pas une seule entrée dans ce texte : il faut toutes les emprunter, en explorant les interprétations possibles avec une simplicité de jeu qui s’empare des situations à jouer. Du cœur des situations peut naître une vérité qui n’est pas celle d’un discours philosophique mais celle d’un théâtre qui ne se déploie pas face au public mais avec lui. »

Propos recueillis par Catherine Robert