Des babillages hors les murs
Pour chacune des créations en résidence de sa [...]
Focus -216-CREATION / THEATRE D’IVRY
Vincent Berhault et Philippe Caillot associent leurs talents respectifs de manipulateur d’objets et musicien pour explorer le babillage enfantin comme ressort artistique, le tâtonnement comme essence même de la création.
Comment dialoguent les deux personnages de Babillages ?
Vincent Berhault : Nous sommes un peu le clown blanc et l’auguste. A ceci près que nous échangeons facilement les rôles !
Philippe Caillot : La synergie poétique est basée sur la complicité des deux personnages. Il y a de la sympathie dans la relation, au sens musical et vibratoire du terme. C’est un travail sur la perception. Nous babillons avec les objets, avec les formes, avec les sons, avec les gestes, avec la voix, nous laissant surprendre par les associations et les tournures créatrices d’émotions.
Comment la musique est-elle incluse dans ce maillage artistique ?
P.C. : On crée une pièce mixte avec une bande électro-acoustique et les instruments présents – saxophone et percussions. Tout sur scène est accompagné de sons : les manipulations, le décor, mon costume… Les instruments sont cachés, ils apparaissent et disparaissent.
V.B. : Le spectacle développe cette notion de disparition et réapparition, soit de nos corps, soit des objets. Sur le plateau, quatre boîtes à roulettes à notre échelle nous permettent de déplacer, cacher, changer les formes…
Vos personnages jouent finalement comme des enfants.
P.C. : On joue en permanence : avec les objets, avec le langage, avec la musique, avec les situations… Et ces jeux sont constamment entremêlés : il n’y a pas d’un côté le jongleur et de l’autre le musicien, mais bien un jeu réciproque.
V.B. : Philippe est largement mis à contribution dans la manipulation d’objets. J’aime travailler l’épure et le minimalisme, tout en développant des formes un peu atypiques de jonglerie. Une des scènes est une sorte de bonneteau où je manipule des feuilles en jouant avec la force centrifuge. On manipule également une veste, des chapeaux… Mais c’est la balle qui revient le plus souvent, objet central de mon travail qui évoque bien des choses pour l’enfant.
Comment comptez-vous jongler avec la concentration des petits et l’intérêt des grands?
P.C. : Nos personnages sont faits pour être lisibles par les tout-petits. Mais nous ne nous privons pas d’un second degré de lecture pour les plus grands. Je travaille de la même façon pour les enfants et les adultes, si ce n’est que j’évite les sons trop forts, ou effrayants. Le travail pour les enfants est aussi riche que n’importe quel autre.
V.B. : La cuisine de création est parfois faite d’autocensure qu’il faut réussir à contourner. Ma référence, ce sont les cartoons ou les films d’animation : ceux qui sont vraiment réussis fonctionnent pour tout le monde. En jonglerie, j’ai parfois tendance à ralentir les mouvements trop elliptiques, pour que les petits aient le temps de décrypter le geste, mais c’est un besoin de lenteur que je trouve aussi pertinent avec les adultes. Nous adresser aux enfants est peut-être une manière de mieux nous adresser à leurs parents.
Propos recueillis par Vanessa Fara
Pour chacune des créations en résidence de sa [...]