La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Entretien Muriel Genthon

Jazz et musiques du monde s’entrecroisent dans une programmation qui choisit le pari d’une riche et féconde diversité.

Publié le 10 septembre 2008

Une démocratisation différenciée

Chargée de l’action territoriale et de l’éducation artistique et culturelle auprès de Jean-Jacques Aillagon lorsque ce dernier était ministre de la culture, Muriel Genthon est aujourd’hui directrice adjointe de la DRAC Ile-de-France (Direction Régionale des Affaires Culturelles). Elle se prononce pour une prise en charge accrue de l’éducation artistique par les institutions culturelles.

L’éducation artistique représente-t-elle, pour vous, un outil de démocratisation culturelle réellement efficace ?
Muriel Genthon : Oui. Même si l’on manque parfois de finesse dans la visibilité des actions menées, je reste persuadée que ce qui se fait dans les écoles, les collèges et les lycées est fondamental et doit être défendu. Il serait d’ailleurs très utile de mettre en place un observatoire d’études à la fois quantitatives et qualitatives, observatoire qui permettrait d’éclairer et de rendre exemplaires les opérations les plus marquantes. Plutôt que de se sentir coupable de ce qui n’est pas fait, pourquoi ne pas regarder ce qui existe et le mettre en valeur ? Aujourd’hui, on constate que les élèves n’ont pas tous accès aux mêmes programmes d’éducation artistique et culturelle. Mais, si la généralisation représente bien une forme d’utopie de démocratisation, je ne pense pas qu’il faille la considérer comme une finalité absolue.
 
Pourquoi ?
M. G. : Parce qu’il ne me semble pas que les chiffres soient les seules données à prendre en compte. Une perspective qualitative, fondée sur une logique de partenariat et d’exigence, me paraît représenter une dimension beaucoup plus intéressante que des quantités ou des pourcentages.
 
« L’éducation est une mission aussi importante que la création. »
 
D’autre part, je pense que l’éducation artistique et culturelle doit être conduite à partir du territoire, pour concevoir ce que l’on peut appeler une démocratisation différenciée. En France, le maillage d’équipements culturels est relativement dense. La plupart du temps, les premiers financeurs de ces équipements sont les collectivités territoriales. Pour moi, les actions doivent ainsi être élaborées en fonction des richesses et des besoins spécifiques de chaque territoire. C’est incontestablement à partir des structures de proximité que l’on peut développer les actions les plus pertinentes.
 
Vous considérez donc l’éducation artistique comme l’une des missions centrales des institutions culturelles…
M. G. : Oui, je pense que cela devrait être l’un de leurs rôles essentiels, l’une de leurs préoccupations fondamentales. Parfois, j’entends dire que si les institutions culturelles devaient s’investir davantage dans le domaine de l’éducation artistique, étant donné les problèmes budgétaires auxquels elles sont confrontées, ce serait nécessairement au détriment de la création. A cela, j’ai envie de répondre : et pourquoi pas. Car, pour moi, l’éducation n’est pas l’une des missions complémentaires des institutions culturelles, mais bien une mission aussi importante que la création.
 
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


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