La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Entretien Hélène Mathieu

Le CCN - Ballet de Lorraine a commandé au chorégraphe new-yorkais Stephen Petronio une pièce pour les trente danseurs du ballet.

Publié le 10 septembre 2008

Autant d’humilité que de conviction

Hélène Mathieu est Inspectrice Générale à l’Education Nationale. Ancienne Directrice de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative au Ministère de l’Education Nationale, elle a aussi travaillé au Ministère de la Culture où elle a dirigé la Délégation au développement et aux formations.

Quel est l’état actuel de l’éducation artistique à l’école ?
Hélène Mathieu : L’actualité immédiate de l’Education Nationale offre une opportunité intéressante de faire avancer l’éducation artistique et culturelle pour tous. Même si le contexte tendu des réductions de postes rend toute nouveauté ou tentative de réforme difficile à mettre en œuvre ! Je pense aux pratiques artistiques et culturelles dans l’accompagnement éducatif qui ont commencé à se mettre en place dans les collèges de l’éducation prioritaire et qui vont être généralisées à tous les collèges à la rentrée 2008. Je pense aussi à cette circulaire de rentrée qui demande aux proviseurs de mettre en place un volet culturel du projet d’établissement. Et je n’oublie pas un texte fondateur sur lequel s’appuyer, le socle commun, qui, dans ses deux derniers chapitres, fixe des objectifs très voisins de ceux des projets artistiques.
 
« C’est précisément aux élèves qui n’ont que l’école pour s’acculturer qu’il faut proposer une ouverture culturelle. »
 
Pourquoi l’éducation artistique est-elle un impératif pédagogique ?
H. M. : J’ai vu souvent des collègues, croyant bien faire, ne proposer aux élèves en difficulté de lecture que du soutien, des études dirigées, de l’aide aux devoirs toujours centrés sur le déchiffrage… Mais c’est précisément aux élèves qui n’ont que l’école pour s’acculturer qu’il faut proposer une ouverture culturelle ! Il faut que notre système scolaire offre des pratiques aux enfants et adolescents car ils n’ont de chance de les poursuivre dans la vie adulte que s’ils les ont éprouvées au cours de leur période de formation. Impossible pour l’école d’abandonner le soin de transmettre la culture et de laisser au seul milieu social et familial cette mission de service public ! Sinon, comment s’étonner que le système scolaire reproduise des inégalités maintes fois constatées ?
 
Comment faire alors ?
H. M. : Il faut combiner trois démarches : expérimentale, documentaire et créative. Les pratiques artistiques stimulent chez les élèves le désir de chercher et de produire ; elles inventent d’autres manières d’apprendre, qui font place au sensoriel, à l’affectif, au symbolique, à l’imaginaire. C’est à chaque fois une aventure profonde, intime, singulière, largement imprévisible. La mission d’éducation n’est pas autre chose, en vérité, que cette humilité, qui n’interdit pas la conviction !
 
Propos recueillis par Catherine Robert


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