La montée en puissance des associations culturelles
Chargée de mission au pôle culture de la fédération française des MJC (Maisons des Jeunes et de la Culture), Huguette Bonomi intervient régulièrement au nom de la COFAC, COordination des Fédérations et Associations Culturelles. Elle regrette le manque de liens et de concertations entre les activités des institutions et celles des associations culturelles.
L’augmentation du nombre d’associations culturelles est-elle, selon vous, un signe de bonne santé de l’éducation culturelle et artistique ?
Huguette Bonomi : En tout cas, c’est une tendance qui vient contredire les propos visant à dénoncer l’échec de la démocratisation culturelle en France. Les chiffres sont éloquents : de 1997 à 2007, le nombre d’associations culturelles est passé de 130 000 à plus de 200 000. Mais, finalement, ce phénomène de masse est assez peu pris en compte. Nos associations manquent cruellement de soutien et de considération. Lorsque l’on parle d’éducation artistique, on pense rarement à elles, à l’importance du rôle qu’elles jouent, à l’ampleur et à la diversité de leurs actions. Pourtant, la grande force des associations culturelles vient du fait qu’elles s’adressent à tout le monde, partout sur le territoire.
D’après vous, sur quoi se fonde ce manque de considération ?
H. B. : Probablement sur un déficit d’image. Très peu de nos actions étant labellisées, elles sont souvent dépréciées, rabaissées au rang de “soupe socio-culturelle”. Pourtant, il arrive fréquemment que nos intervenants exercent également dans des conservatoires ou des scènes nationales. Mais nos modes de fonctionnement ne correspondent pas aux moules fabriqués par l’Etat.
« Dans une démocratie, il est dangereux que l’Etat et les collectivités territoriales aient le monopole de la transmission de la culture. »
Car nos associations tentent justement de sortir de l’enseignement classique, du cours, de la conférence, pour inventer un autre type d’apprentissage, une autre forme de rapport à la culture. Je ne souhaite remettre en cause ni l’existence des institutions artistiques ni le rôle de l’Etat dans la politique culturelle nationale. Mais il me semble que dans une démocratie, il est dangereux que l’Etat et les collectivités territoriales aient le monopole de la transmission de la culture.
Comment l’Etat et les collectivités territoriales pourraient-ils mieux soutenir le travail des associations culturelles ?
H. B. : Par exemple, en favorisant les liens, les articulations, les interactions entre nos activités et celles des institutions culturelles. Les élus politiques locaux auraient tout intérêt à mutualiser les efforts des uns et des autres, à réunir les responsables des associations et ceux des institutions culturelles pour nous amener à mener des projets ensemble. D’autre part, nous souhaiterions que les politiques culturelles soient construites en collaboration avec l’ensemble des intervenants de la culture : institutions, artistes, associations… Cette diversité des points de vue permettrait sans doute d’aller au cœur de sujets fondamentaux : notamment le patrimoine et la démocratisation culturelle.
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat