ENTRETIEN ANSELMO ZOLLA
Un projet exigeant et humaniste La compagnie [...]
Focus -210-Studio 3 / SAO PAULO / BRÉSIL
La compagnie Studio 3 retrouve la scène du Théâtre de la Porte Saint-Martin où elle avait ciselé un hommage à Martha Graham vibrant et éminemment personnel. Déjà associé à ce précédent spectacle, José Possi Neto met en scène Ce que la voix ne dit pas, dont Anselmo Zolla signe la chorégraphie.
Quelle est l’idée générale de ce spectacle ?
José Possi Neto : C’est un hommage au féminin, au pouvoir de l’essence du féminin. Le mot “art“ en portugais est féminin. Aujourd’hui, je suis gêné par un certain mouvement de la danse contemporaine arguant qu’il ne faut pas raconter d’histoire, qu’il ne faut pas d’émotion, qu’il ne faut pas être beau. C’est devenu tabou. Selon moi, il faut au contraire aller vers l’émotion et la beauté, provoquer une catharsis, stimuler et réveiller la conscience. Parfois la beauté est laide, mais elle ne peut pas être froide ou neutre. Elle doit être forte.
En quoi la compagnie Studio 3 vous paraît-elle spécifique ?
José Possi Neto : Je connais plusieurs des artistes de Studio 3 depuis très longtemps. Beaucoup sont très jeunes mais certains ont 40 ou 50 ans. Ils ont tous été de grands et beaux danseurs, des étoiles. Ils ont une forte personnalité artistique, une autorité. C’est une véritable richesse dans le travail : leurs limites physiques sont remplacées par une sagesse et une intelligence scénique beaucoup plus précieuses à mes yeux.
Et puis il y a la comédienne Christiane Torloni, dont la présence extraordinaire illumine le spectacle…
José Possi Neto : Elles est ici au Brésil une très grande actrice, issue d’une dynastie de comédiens. Elle a une discipline d’athlète. Nous parlons le même langage. On travaille ensemble depuis 25 ans. Son personnage représente la femme qui vient comme une déesse afin de donner aux hommes l’instrument qu’est la danse pour s’élever du sol et rêver. Ce dont on a besoin, c’est du rêve. L’humanité marche grâce au rêve. Le spectacle se referme avec le Boléro de Ravel pour un hommage aux plus grands artistes dont les œuvres ont nourri l’humanité : Nijinski, Pina Bausch, Béjart, Duncan… mais aussi Frida Kahlo, Fellini, Artaud… Autant d’artistes qui ont vécu l’art comme sacerdoce libérateur.
Propos recueillis par Jean-Luc Caradec
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