Et aussi…
Eden… Paradise de Xavier Lot / O Sensei de [...]
Focus -207-Centre Chorégraphique National de Caen
Héla Fattoumi partage avec nous les questions qui l’animent lorsqu’elle conçoit Danse d’ailleurs.
Danse d’ailleurs était initialement un festival annuel ; pourquoi en faire une biennale ?
Héla Fattoumi : Eric Lamoureux et moi avons ressenti la nécessité de résister à la multiplication de projets, spectacles, actions… Les CCN ont un rôle de pilier dans la politique de la danse, et le cœur de leur mission doit rester la création et la médiation culturelle : ce que j’appellerais, non pas de la vulgarisation, mais de la « traduction », une traduction entre le monde réel et le champ de la danse, qui met en échec l’idée que le langage de la danse ne concerne pas le grand public… C’est un travail militant qui réclame temps et réflexion, et qui ne peut pas être évalué par un nombre de spectateurs ou de représentations ! Nous avons donc décidé de prendre le temps nécessaire pour que ce festival s’articule avec le cœur de notre projet. Il permet notamment de découvrir les créations qui se déroulent au CCN. Et comme toujours, il met à l’honneur l’ailleurs contemporain, hors Occident.
Comment ce désir se concrétise-t-il dans l’édition 2013 ?
H. F. : Il y a deux grands axes : d’abord le lien que des artistes d’Occident entretiennent avec des cultures d’ailleurs – ainsi Catherine Diverrès avec son solo animé par la figure de Kazuo Ohno, ou Herman Diephuis qui est en lien depuis longtemps avec le Burkina Faso – et, simultanément, le regard que des artistes d’ailleurs portent sur l’Occident : Radhouane El Meddeb, artiste tunisien, demande à Thomas Lebrun de chorégraphier avec lui ; Ula Sickle, Dinozord et Yann Leguay créent une pièce qui unit leurs origines canadiennes, congolaises et françaises… Il s’agit de « changer en échangeant », comme dirait Edouard Glissant. L’autre axe est celui du genre. Outre les pièces de Danya Hammoud, Xavier Lot, Perrine Valli, Eric Lamoureux et moi, il y aura la projection du documentaire Women are heroes de JR et un atelier participatif « Où en est le genre ? », pour tous ceux qui souhaitent réfléchir à la place des clichés de genre dans leur quotidien.
En effet le festival ne présente pas seulement des spectacles, mais d’autres façons d’approcher la danse …
H. F. : Il y aura notamment une conférence-débat sur les âges du corps en cirque et en danse. D’autres échanges suivront les répétitions publiques, gratuites, proposées par les compagnies en résidence. Ou encore la soirée « 1 Night in Kyoto », coup de projecteur sur une pépinière d’artistes japonais. Nous sommes heureux de pouvoir partager avec eux ce temps de découverte réciproque.
Propos recueillis par Marie Chavanieux
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