Entretien Alain Platel
Etrangeté et beauté En pleins préparatifs de [...]
Focus -210-Théâtre National de Chaillot
La saison 13-14 revient largement sur la notion de ballet, offrant la salle Jean Vilar à de grandes compagnies de danse. Une occasion idéale pour dépoussiérer le terme, boudé par la danse contemporaine : entre créations et mises à l’épreuve du répertoire, les ballets d’aujourd’hui n’ont pas fini de faire parler d’eux.
Prenons Alonzo King : cet américain, élevé à l’American Ballet Theater comme chez Alvin Ailey, parcourt le monde avec sa compagnie. Une énergie vitale continue, fluide et ondulante traverse sa danse. Dans Constellation, il s’appuie sur les propositions du plasticien Jim Campbell, habitué des dispositifs électroniques interactifs, pour donner au spectacle une dimension visuelle et mouvante à saisir au cœur d’une danse profondément vivante. Si sa danse peut être considérée comme abstraite, intuitive, on note chez certains chorégraphes le retour franc à la narration, qui se concrétise par la réécriture de grands ballets du répertoire. C’est le cas chez Jean-Christophe Maillot avec les Ballets de Monte-Carlo, dans un tout récent LAC qui, aidé de la plume de l’écrivain Jean Rouaud, propose une nouvelle version de l’histoire : gardant l’empreinte romantique d’un univers peuplé de princes et de princesses, les deux co-auteurs ont renvoyé les protagonistes sur les rives de leur enfance pour mieux ancrer le drame. La reine de la nuit est une sorcière ambivalente dans sa relation au roi, tandis que les hésitations du prince corroborent la vision de Noureev.
Grandes figures de la danse
Le chorégraphe a joué à fond la carte du ballet en s’appuyant sur des caractères et des situations très explicites, dans un univers enchanteur, que la scénographie d’Ernest Pignon-Ernest magnifie. C’est sans doute la même démarche qui a guidé Thierry Malandain, chorégraphe du Ballet Biarritz. Son héroïne, Cendrillon, reste fidèle à la proposition du Bolchoï de 1945, et donc à l’esprit du conte. La marraine et la mère sont cependant quelque peu balayées au profit de la fée, mettant en avant l’accomplissement de la jeune fille, comme « le parcours d’une étoile, d’une étoile qui danse ». Mais Malandain, en mettant volontairement de côté le décorum, fait confiance à la danse, qui, de plus en plus dans son parcours, dessine une gestuelle personnelle et la signature d’un auteur. C’est sous cet angle que l’on peut voir également le projet d’Angelin Preljocaj : cédant à une mécanique de la forme inédite, celui qui n’a pas hésité à qualifier sa compagnie de ballet parvient encore à surprendre, que ce soit dans des propositions abstraites ou dans la relecture de ballets. Les Nuits en sont le compromis, comme une incursion dans les mystères fantasmés de l’Orient. Dans toutes ces grandes propositions portées par une grande figure de la danse, le programme du Nederlands Dans Theater, qui fait le pont entre différents créateurs (voir notre encadré), affirme sa singularité.
Nathalie Yokel
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