La Terrasse

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Entretien Bruno Abraham-Kremer

Entretien Bruno Abraham-Kremer - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2008

Vivre maintenant

Après La Trilogie de l’Invisible, Bruno Abraham-Kremer entame La Trilogie d’un homme ordinaire. Premier volet de ce nouveau cycle théâtral, La Vie sinon rien, d’Antoine Rault, sonde les enjeux de l’existence humaine en se plongeant dans sa quotidienneté.

Qu’est-ce qui lie et différencie La Trilogie de l’Invisible et La Trilogie d’un homme ordinaire ?
Bruno Abraham-Kremer : Le Zohar dit : « Si tu veux connaître l’invisible, regarde le visible avec les yeux grands ouverts ». Alors que La Trilogie de l’Invisible était une recherche de l’impalpable à travers le prisme de trois religions, La Trilogie d’un homme ordinaire s’attache à regarder le visible, à entrer dans la réalité quotidienne d’un homme d’aujourd’hui. L’angle de vue est inverse, mais les questions posées sont les mêmes : qu’est-ce que l’homme, qu’est-ce que la vie ?
 
Qui est Pierre Taraut, le personnage que vous incarnez dans La Vie sinon rien ?
B. A.-K. : C’est un frère, c’est vous ou moi, c’est comme un miroir. C’est un homme de ce début de XXIème siècle, un homme pressé, stressé, qui n’a plus le temps de rien. Il a 50 ans et sa vie l’ennuie profondément. Pierre Taraut est un enfant gâté de notre époque. Il est revenu de tout, il ne prend plus de plaisir aux choses qu’il fait. Puis, un jour, on lui annonce qu’il est atteint d’une maladie rare, qu’il ne lui reste qu’un an à vivre.
 
« La Vie sinon rien est un spectacle qui parle de la mort, mais sous l’angle de la vie. »
 
Et ce qui pourrait être un drame va devenir une renaissance…
B. A.-K. : Oui, car soudainement, en réalisant que le temps lui est compté, il établit un tout autre rapport avec la vie et avec son entourage, notamment sa famille, avec laquelle il n’entretenait plus de véritables relations depuis longtemps. Il fait également la connaissance de personnages très éloignés de son univers, des personnages qui vont le confronter à d’autres valeurs, lui apprendre à être de plain-pied dans l’existence. Mais, au moment où il s’est résigné à mourir, les médecins lui apprennent que son état s’est stabilisé. Il est alors de nouveau dans la même situation que le commun des mortels : il ne sait plus quand il va mourir.
 
La Vie sinon rien est-il, pour vous, un spectacle qui parle essentiellement de la mort ?
B. A.-K. : C’est un spectacle qui parle de la mort, mais sous l’angle de la vie, à travers un mélange d’introspection, d’humour et de fantaisie, de gravité et de trivialité. Pour autant, il n’élude pas cette vraie question. Epictète a dit : « Ne sais-tu pas que la source de toutes les misères de l’homme, ce n’est pas la mort, mais la crainte de la mort ? ». Grâce à l’expérience de la maladie, Pierre Taraut a levé cette peur et se met à vivre maintenant : pas dans une seconde, maintenant.
 
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat


 

La Vie sinon rien, d’Antoine Rault ; mise en scène et interprétation de Bruno Abraham-Kremer. Du 11 au 15 février.

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