La Terrasse

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Sceaux Jazz

Sceaux Jazz - Critique sortie Jazz / Musiques
Giovanni Mirabassi

Publié le 10 octobre 2008

La nouvelle saison qui s’annonce sur la scène nationale des Gémeaux sera encore une fois marquée par le sceau du jazz. Revue d’effectifs en avant-première.

Fidèle à son esthétique des plus éclectiques, la programmation des Gémeaux devrait contenter ceux qui aiment tous les jazz. Ainsi, en version classique, se succèderont deux pianistes en trio, à chaque fois avec des charnières rythmiques superlatives : tout d’abord celui de l’Italien Giovanni Mirabassi (6/02 et 7/02), un toucher romantique et un sens de l’espace grande classe ; puis celui d’un autre maestro des 88 touches en noir et blanc, Benjamin Moussay (13/03), dans un registre poético-lyrique qui n’est pas sans évoquer les compositeurs classiques, auquel ce fin mélodiste apporte toute sa science du contrepoint. On peut aussi compter sur le vibraphoniste Franck Tortiller pour suspendre et surprendre l’écoute à travers des motifs mélodiques entêtants. Sauf que pour ce Purple And High, création qu’il viendra défendre en quartet le temps de deux soirées (3/04 et 4/04), l’ex-directeur de l’ONJ s’attaquera au répertoire de la pop internationale plus qu’aux standards éculés, prouvant s’il était nécessaire que les cloisons sont de plus en plus ouvertes à tout le monde de la musique.

Aux frontières de tous les styles

C’est sur ce terrain aux frontières de tous les styles qu’évolue depuis des lustres Renaud Garcia-Fons. Amarré à la mer Méditerranée, le contrebassiste navigue sur tous les rivages, avec pour cap les instants chavirés et pour horizon les points de suspension. Flamenca, orientale, jazz, balkanique… La musique nomade de Renaud Garcia-Fons (9/01 et 10/01) n’a qu’un unique passeport : celui d’une élégance à fleurs de cordes. Quant à Stéphane Huchard, il devrait caresser les peaux de ses tambours pour battre le rappel d’une figure tutélaire du jazz  : Art Blackey, que le Français qualifie du plus « africain » d’entre tous les pionniers du bop. Résultat, dans l’esprit des Jazz Messengers, revisitant tant le répertoire que la formule du septet, il conviera à ses côtés deux percussionnistes venus d’Afrique de l’Ouest (19/12).

Virtuosité sensuelle

Jeannette Lindström, elle, est née bien loin des tropiques. Entourée d’un solide trio de Scandinaves, dont le poteau mitan Palle Danielson à la contrebasse, la chanteuse suédoise, que certains comparent à Joni Mitchell, essaiera de conquérir le cœur des amateurs français, quelque peu perplexes face à ses inflexions jazzy pop (24/10). Ce n’est pas le cas d’Anne Ducros, dont la virtuosité sensuelle et le sens du swing charnel ont d’ores et déjà séduit une bonne partie du public, d’autant plus ravi qu’elle ne manque jamais de placer quelques pointes d’humour entre les lignes (27/11). Quant à Lakien Fatien, révélée en 2004 avec son initial “Look At Me”, elle endossera cette fois le rôle de Billie Holiday, dont elle adapte une partie du répertoire sur son récent “Misery” (23/01). Enfin, parlant de voix, impossible de conclure cette mise en bouche sans mentionner la venue de la cap-verdienne Cesaria Evora, connue sous le sobriquet de diva aux pieds nus. Les cœurs sensibles et les curieux en l’âme du jazz pourraient bien s’y retrouver (15/03).
 
Jacques Denis


Les Gémeaux, Scène Nationale, 49, av Georges Clémenceau, 92330 Sceaux. Tél : 01 46 61 36 67. Site : www.lesgemeaux.com

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