La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Entretien Anita Weber

Entretien Anita Weber - Critique sortie Théâtre
Anita Weber et Joël Dragutin

Publié le 10 septembre 2008

Les grandes étapes de l’éducation artistique et culturelle en France : des avancées chaotiques

Inspectrice Générale au Ministère de la Culture et de la Communication, ancienne déléguée chargée du développement et de l’action territoriale au sein de l’administration centrale du Ministère de la Culture, ancienne Directrice Régionale des Affaires Culturelles en Haute Normandie puis en Ile-de-France, Anita Weber rappelle les grandes étapes qui caractérisent l’éducation artistique et culturelle en France.

« Les acteurs de l’éducation artistique doivent lutter pour s’imposer. »
 
« A l’heure où la relation entre l’individu et la culture se bouleverse et se démultiplie, il paraît fondamental de se donner des outils pour maîtriser le flux des sons, des images et des textes qui assaille l’individu, afin d’élaborer son propre rapport réfléchi à l’art et la société. L’éducation artistique apparaît comme un moyen d’échapper à une culture imposée, en développant la capacité d’autonomie et d’émancipation. Du point de vue de la politique culturelle, l’éducation artistique est aussi envisagée comme une réponse aux problèmes sociaux, un onguent miraculeux capable de panser les blessures existentielles, un moyen de combler le fossé séparant les cultures jeunes et la culture portée par l’institution. Utopie ou réalité ? Surtout une tâche difficile, qui vise à rendre l’individu plus libre par rapport à la culture.
L’éducation artistique revêt trois réalités. L’enseignement artistique spécialisé, dans les conservatoires payants (art, musique…), sous la tutelle des collectivités. L’enseignement artistique dans le cadre de la scolarité obligatoire, pour tous, dans les classes primaires (3 heures), au collège (2 heures, arts plastiques et musique), au lycée (en option). L’éducation artistique hors cadre scolaire se transmet à travers la famille, une pratique amateur, des associations, et l’ensemble de la production culturelle et médiatique dans laquelle nous sommes immergés.

Rappel historique : de 1968 à nos jours
Historiquement, l’éducation artistique est née en 1968, contre une école figée et repliée sur elle-même. Le Colloque d’Amiens en mars 1968 dénonce l’inadaptation du système éducatif face aux bouleversements de la société et ouvre l’école aux artistes. La Déclaration de Villeurbanne en mai 68 souligne les limites du rêve de Malraux qui considère que la présence de l’œuvre d’art suffit à la rencontre avec le public, et affirme au contraire la nécessité d’un médiateur culturel. A partir des années 68, on estime que le contact avec l’œuvre est insuffisant et que l’apprentissage des codes esthétiques est nécessaire afin de connaître l’œuvre dans l’histoire. L’idée d’ouverture de l’école au milieu culturel s’impose. En 1983, le premier protocole d’accord entre les ministères de l’éducation nationale et de la culture est signé. Des artistes et des enseignants innovent et revendiquent la place de l’art à l’école. En 1988, la loi sur les enseignements artistiques officialise la possibilité pour les artistes d’intervenir à l’école. En 1993, le terme d’enseignement cède la place à celui d’éducation artistique et culturelle qui se traduit par un fourmillement d’une vingtaine de dispositifs (classe patrimoine, etc), qui ne touchent que 3 à 5% des enfants. En 1998, l’idée de généralisation s’impose, Catherine Trautmann demande aux institutions culturelles dans une charte de mission de s’engager dans des actions en milieu scolaire. En 2000, le plan Lang-Tasca affirme l’importance de la pratique artistique chez l’enfant et l’adolescent et prévoit la généralisation de l’éducation artistique à l’école en cinq ans. Deux ans plus tard, la droite abandonne le plan, et les circulaires de 2003 et 2005 mettent l’accent sur les dispositifs transversaux et les activités complémentaires (ateliers artistiques, chorales…). La circulaire du 29 avril 2008 intègre l’enseignement de l’histoire des arts aux programmes. Ces diverses étapes mettent en lumière le caractère aléatoire de l’éducation artistique et culturelle pilotée par les ministères de la Culture et de l’Education Nationale. Les acteurs de l’éducation artistique doivent lutter pour s’imposer. »

Propos recueillis par Agnès Santi


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