« Entre le crépuscule et l’aube » : quatre œuvres nouvelles au programme

« Between Dusk and Dawn », entre le crépuscule et l’aube : le titre donné à ce programme est une belle métaphore de la création musicale. Chaque œuvre créée est en effet la promesse d’une aube nouvelle, où les lumières d’hier renaîtraient en d’autres lueurs. Cette trace du passé, sur laquelle se trame l’aujourd’hui, apparaît dans le titre même de Ligetidyll, hommage de Peter Eötvös à György Ligeti (1923-2006) et à son art des temps multiples, en même temps que clin d’œil à Wagner. Proche de Peter Eötvös, Gregory Vajda (né en 1973), a accompagné Ars Nova comme artiste en résidence ces trois dernières années. Sa nouvelle œuvre, Post-apocalyptic Pastorale, est écrite sur mesure pour les dix-huit musiciens de l’ensemble.

Le temps, source d’inspiration

C’est ce même effectif que sollicite la pièce de Justé Janulyté (née en 1982). Un défi autant qu’une stimulation pour la compositrice lituanienne, qui revendique une « musique monochrome », souvent appuyée sur un seul type d’instruments (vents, cordes ou voix) : « Chaque instrument est conçu ici comme une couleur, une consistance différente d’un même son. J’ai voulu célébrer le 60^e anniversaire de l’ensemble avec une œuvre qui symbolise le passage du temps. Clessidra traduit en musique la métaphore du sablier : il s’opère un changement très graduel de texture de l’aigu vers le grave, dans un mouvement constant, hypnotique et méditatif ». La question du passage du temps inspire aussi la compositrice et accordéoniste Lisa Heute (née en 1991) dans l’œuvre qui ouvre le concert, un quintette pour cuivres écrit en hommage à Marius Constant : « Au-delà de la pluralité des esthétiques, ce programme porte une réflexion sur le lien avec le passé qui m’inspire particulièrement. La figure de Marius Constant et sa musique me touchent car j’y vois une dimension de liberté particulière, une œuvre inclassable, hors des sentiers battus, influencée par différents mondes artistiques. » Entre chacune de ces pages nouvelles, le Chœur de l’Opéra de Limoges viendra faire résonner le motet de Brahms, Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen ?, tissant lui-même un lien avec la musique de Bach.

Jean-Guillaume Lebrun