Focus -313-60 ans de création : l’éternelle renaissance de l’ensemble Ars Nova
Benoît Sitzia, directeur général et artistique de l’ensemble Ars Nova, cultive le réenchantement
Entretien
Publié le 10 août 2023 - N° 313Benoît Sitzia, directeur général et artistique de l’ensemble Ars Nova, développe une transversalité féconde, qui suscite le goût de la découverte.
« Le mouvement initial de Marius Constant a été de doter la radio d’un outil extrêmement souple permettant de servir la création musicale dans toutes ses esthétiques et tous ses formats ; Ars Nova pouvait alors se muer en grande formation symphonique ou aussi bien essaimer dans les fermes du Gers pour le festival « Musique en Armagnac ». En germe, il y avait déjà les idées de transversalité, mobilité, mais aussi ce qu’on n’appelait pas encore inclusivité, en direction des esthétiques comme des publics. Soixante ans plus tard, c’est toujours vers cette ambition que l’on converge : rendre la création musicale accessible à toutes et à tous. Je crois qu’il faut aujourd’hui observer les mutations à l’œuvre et transformer le modèle vertical de « direction artistique » pour développer l’idée d’une « programmation culturelle ». Programmer, cela veut dire se confronter à des éléments exogènes, des altérités, des exigences partenariales. Cette transversalité est ce qui donne de l’énergie à un ensemble comme Ars Nova, dont le rôle essentiel est de faire le lien entre les pratiques et les créatrices et créateurs.
Programmer, cela veut dire se confronter à des éléments exogènes
Il est nécessaire d’interroger la filiation des publics de la création musicale. Il n’est pas sûr que le public de la musique classique soit la cible principale de la création. L’attachement au répertoire peut contraindre un élan vers l’inconnu et la nouveauté, ce qui n’est pas nécessairement le cas pour les personnes davantage sensibles à d’autres formes d’expression artistique et culturelle. Penser en termes de transdisciplinarité nous rapproche de chaque territoire : on peut alors être une passerelle vers des spécificités, vers la symbolique des villes et des lieux, vers des partenaires, dans les domaines de l’architecture, la danse, les musiques actuelles ou traditionnelles… Tout devient possible. La seule limite est notre capacité à inventer un objet artistique créatif et, pour cela, la souplesse et la mobilité que l’on incarne sont des atouts précieux. Notre projet est de faire de l’ensemble un vecteur de réenchantement, que porte le désir de créer, de rencontrer l’autre. »
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun