Encantado de Lia Rodrigues

On connaît la danse intense et engagée de la chorégraphe, qu’elle déployait dans le poignant Furia à Chaillot en 2018. Un tableau mouvant, et fiévreux, où neuf danseurs et danseuses de sa compagnie transcrivaient la violence de la société brésilienne et la dureté des rapports de domination. Il faut dire que la native de São Paulo s’est toujours engagée pour lutter contre les discriminations, que ce soit sur scène avec ses pièces poignantes, miroir de la réalité sociale brésilienne, ou sur le terrain, avec la Lia Rodrigues Companhia de Danças installée dans la favela de Maré, à Rio de Janeiro et l’association Redes da Maré, créée pour démocratiser l’accès à l’art.

Faire collectif

Pour Encantado, sa dernière création, elle convoque onze danseurs et danseuses au plateau, des membres de sa compagnie, mais aussi de nouvelles recrues issues d’un casting où plus de 200 interprètes ont tenté leur chance en ligne. Une manière de revivifier le paysage chorégraphique brésilien : « Plus que jamais, il est nécessaire de générer du travail pour la danse ici au Brésil », précise la chorégraphe. Si le titre évoque en latin un enchantement, il désigne aussi les encantados, des entités mystiques de la culture afro-américaine. Dans ce spectacle, elle semble les invoquer pour réenchanter le collectif : « Il faut découvrir un protocole pour être ensemble. Avec les artistes de la compagnie, on se demande comment enchanter nos peurs et nous mettre dans le collectif, proches les uns des autres. Comment enchanter nos idées et nos corps en les transformant en images, danses et paysages ? », explique Lia Rodrigues. Comme à son habitude, elle promet de faire jaillir sa danse organique, profonde, aussi politique que poétique.

Belinda Mathieu