En regard d’une importante exposition consacrée à l’année 1940, une série de concerts souligne, chez les compositeurs, douleurs et questionnements en écho à la guerre.
Près ou loin du front, la guerre bouleverse la vie normale. La « drôle de guerre » puis l’intensité des combats, l’acceptation de la défaite et les appels à résister, le retour à la vie en même temps que la fin d’un monde : l’exposition « Comme en 40 » explore cette année qui déchira la France. Un tel traumatisme ne pouvait rester sans écho dans la musique, livrant les doutes et les blessures de l’âme. Les « échos de bataille » que renvoie la programmation musicale élargissent le propos aux autres conflits : volonté de retrouver par la musique l’honneur perdu sur les champs de bataille de 1870 chez Chausson et Saint-Saëns (par le Trio Aralia), hommage aux disparus (le Presto tragico de la Sonate pour violon et piano de Poulenc, jouée par Elsa Grether et David Lively au côté d’œuvres de l’entre-deux-guerres de Copland, Debussy, Prokofiev et Ravel), réminiscences du front (le Sonnet de Du Bellay de Caplet, les Caprices de Durosoir par le duo Eos), ou tentative de résilience par le recours aux rythmes les plus enjoués, chez Ravel ou dans le répertoire du Loco Cello Quartet de François Salque. En ouverture de ce cycle, avec le concert de l’Orchestre symphonique de la Garde Républicaine, la guerre est ressentie par le double prisme de la musique et du cinéma, des scènes cultes d’Alexandre Nevski à Apocalypse Now en passant par Diên Biên Phu.
Jean-Guillaume Lebrun
