La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -202-Les Gémeaux, scène nationale de Sceaux

Du jazz en versions éclectiques

Du jazz en versions éclectiques - Critique sortie Jazz / Musiques Sceaux Les Gémeaux
Légende photo : Le trompettiste Ibrahim Maalouf reconfigure le jazz à travers ses expériences personnelles.

Publié le 1 octobre 2012 - N° 202

Entre hommages grands formats et formules originales, la programmation démontre l’étendue du champ du jazz actuel.

Des deux côtés de l’Atlantique, le jazz fait débat. Le phénomène n’est pas nouveau : ce type d’ébats jalonne l’histoire de cette musique, interroge sa nature même à l’heure où ses partisans en offrent des lectures pour le moins diverses. La saison jazz à Sceaux est la parfaite illustration de tels enjeux, à travers la variété stylistique mise en scène : répertoire réinvesti et bande-son originale, grand orchestre ou formation resserrée, tendance crossover ou connexion plus radicale, tout est possible sous ce vocable. Toujours est-il que cette volonté affichée d’en offrir une vision panoramique permet de dresser un état des lieux de la création “jazz actuel”. Une musique mémorielle, comme le suggèrent plusieurs hommages qui relient le passé à l’instant présent. Le sextet d’Antoine Hervé rend ainsi visite à l’univers du cyclothymique Weather Report (le 9 novembre), le phare de années fusion. Le vibraphoniste Franck Tortiller embarque son orchestre pour un voyage rétro-futuriste autour de Janis Joplin, la libre égérie des années soixante (le 21 décembre), après avoir salué Led Zeppelin lorsqu’il était à la tête de l’Orchestre National de Jazz. Justement, depuis sa nomination voici trois ans, son successeur Daniel Yvinek s’inscrit lui aussi dans ce même sillon : le nouvel album de l’ONJ célèbre l’immense Astor Piazzolla, auteur aux marges de bien des frontières. Pour atteindre les vertiges de l’Argentin, les clefs ont été confiées à Gil Goldstein, arrangeur à sa main pour ce genre d’affaires (le 6 février).

Horizons larges

De l’autre côté du miroir, c’est aussi là que se retrouve le pianiste Thierry Maillard, pour une relecture toute personnelle de Miles, pour tout autant nous proposer entre les lignes sa propre version de l’art du trio, subtil  (le 25 janvier). C’est une toute autre démarche qui anime le trompettiste Ibrahim Maalouf, auteur d’un triptyque où il examine les tréfonds de sa personnalité sur disque. Le dernier en date, l’ultime “Diagnostic”, met l’accent sur l’âme balkanique et les trépidations rythmiques, sans gommer le blues made in Beyrouth (les mardi 23 et mercredi 24 octobre). À des années lumière de la divine Shirley Horn qu’elle a honorée précédemment, la chanteuse québecoise Terez Montcalm choisit quant à elle la voie du groove, aux limites du rock (le jeudi 28 mars ). C’est-à-dire non loin des intentions du batteur Manu Katché, qui s’est choisi une équipe aux horizons larges (saxophone norvégien et machines à sons venues d’Italie), pour son nouveau projet qui clôt cette saison définitivement placée sous le sceau de l’éclectisme (le 21 mai).

Jacques Denis

A propos de l'événement

Les Gémeaux
49, avenue Georges Clemenceau, 92330 Sceaux
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