Et aussi… La saison 2017-2018
Le Théâtre de l’Agora programme tous les arts [...]
Chorégraphe et artiste associé au Théâtre de l’Agora, Abderzak Houmi y mêle étroitement la création et les rencontres, nourrissant son projet artistique des bénéfices du dialogue.
« Pour comprendre un territoire, il faut y vivre. »
Pourquoi venir en résidence à Evry ?
Abderzak Houmi : Travailler sur un projet de territoire est un véritable choix, et pour comprendre un territoire, il faut y vivre. C’est pourquoi lorsque je suis en résidence à Evry, j’y vis. Il faut faire l’expérience de la ville, la connaître dans l’intimité de ses déplacements pour la comprendre et comprendre ses habitants. Par sa configuration et son architecture, Evry est une ville à différents niveaux, avec des passerelles, des quartiers assez cloisonnés comme par des frontières directement dessinées à travers lesquelles la communication n’est pas facile. Il faut du temps pour connaître les acteurs locaux, il faut du temps pour rencontrer les danseurs d’ici et les jeunes.
Qu’avez-vous appris de ce territoire ?
A. H. : La première année de ma résidence, j’ai créé Face à Face, en mélangeant danse, hip-hop et musique baroque. Nous sommes intervenus dans un lycée à Draveil et avec des jeunes à Milly-la-Forêt. Le 91 est un département spécial, très différent d’un endroit à un autre. Ouvrir les portes d’une scène nationale pour que chacun y ait accès est donc très complexe. Il faut réussir à faire tomber les préjugés en conservant l’idée d’une culture ouverte, qui n’hésite pas à mêler des choses très pointues et d’autres plus populaires (encore que ce terme me paraisse inadéquat et dangereux ; je crois même qu’il ne veut rien dire…). C’est ainsi que j’ai créé Alifat mat, en interrogeant les travailleurs immigrés et leur expérience de la résistance physique. Un soudeur répète les mêmes mouvements jusqu’à épuisement, comme un danseur : le croisement de ces expériences sur la trace de la mémoire dans les corps était passionnant.
Quels projets à venir ?
A. H. : Avec Christophe, on se laisse le temps de connaître le territoire pour voir ce qui pourrait se déplacer dans les mentalités et dans les mœurs. En novembre 2017, je présente la troisième édition de Made in ici, fruit de ce travail de maturation. Ce spectacle est le résultat de la rencontre entre quatre danseurs amateurs d’ici et quatre chorégraphes d’ailleurs. Enormément d’émotion se dégage de ces rencontres, et on comprend que ce qu’on appelle pompeusement l’interculturel peut conduire du dialogue au mélange, ce qui correspond exactement à la réalité existentielle d’un tel concept.
Made in ici, le 17 novembre à 20h. Parallèles, les 6 et 7 février à 20h.
Focus réalisé par Catherine Robert
Tél. : 01 60 91 65 65.
Site : www.theatreagora.com