La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Dominique Rouits

Dominique Rouits - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 octobre 2007

L’Orchestre de Massy : le « cœur battant » de l’Opéra

Ancien scientifique, Dominique Rouits a étudié la direction d’orchestre avec Pierre Dervaux. Après avoir été notamment l’assistant de Marc Soustrot et de Jean-Claude Casadessus, il prend en 1989 les rênes de l’Orchestre de Massy.

Comment voyez-vous l’évolution de l’Orchestre de Massy depuis sa fondation en 1989 ?

Dominique Rouits : La création de l’orchestre s’inscrivait dans la logique de celle de l’opéra, dont nous devions être le « cœur battant ». Il nous a fallu créer à la fois l’orchestre et son public. L’orchestre a ainsi rassemblé dès le départ de nombreux jeunes professeurs, prix de Paris, qui souhaitaient jouer en orchestre et faire de l’opéra. Puis nous avons travaillé à fédérer les forces chorales de la région, soit 600 à 700 choristes, avec lesquels nous abordons un répertoire souvent assez corsé, comme l’Oratorio de Noël de Bach, le Requiem de Schumann ou, cette année, celui de Dvorak. Nous avons un rôle de formation de la pratique orchestrale : les mots artistes et artisans ont la même racine. De nombreux musiciens qui se sont formés auprès de l’orchestre y sont demeurés fidèles, contribuant à lui donner sa couleur propre.

Vous parliez de public. Quelles populations l’orchestre touche-t-il ?

D.R. : Il y a quelques années, notre slogan était « la meilleure qualité au plus grand nombre ». L’idée n’est pas seulement de se créer un public, mais de remplir une vraie mission. Apporter la musique à tous me semble une préoccupation normale. Quand nous jouons en Essonne ou ailleurs, nous ne vendons pas un concert mais nous portons une action culturelle. Nous devons faire en sorte que les gens, dès le plus jeune âge, s’approprient la musique et les lieux comme l’opéra. Pour cela, il faut créer une émotion.

« Il est important d’ouvrir les oreilles des gens, d’autant que le public est prêt à tout entendre à condition que l’œuvre soit aboutie. »

Cette mission pédagogique se traduit par une programmation régulière d’œuvres contemporaines.

D.R. : En travaillant aux côtés de Peter Eötvös et Pierre Boulez, j’ai pris goût à la musique contemporaine. Il est important d’ouvrir les oreilles des gens, d’autant que le public est prêt à tout entendre à condition que l’œuvre soit aboutie. C’est pour ça que je demande aux compositeurs de présenter leurs œuvres. Grâce à une convention avec le Conservatoire de Paris, nous donnons à de jeunes compositeurs l’occasion d’être joués.

Quelle liberté avez-vous dans votre programmation à l’Opéra de Massy ?

D.R. : Pour le lyrique, c’est Jack-Henri Soumère qui choisit. C’est un grand professionnel, qui a toujours en vue ce qui se fait à travers le monde. Il a ainsi tissé des liens forts. J’apprécie par exemple le professionnalisme de Dmitri Bertman, cette technicité russe qui permet un travail rapide, en souplesse. Pour le symphonique, j’agis en toute liberté, dans un esprit de complémentarité, avec l’envie de faire découvrir : nous donnerons par exemple, en mai, les messes peu connues de Haydn (Paukenmesse) et de Beethoven (Messe en ut).

Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun


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