La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -182-bordeaux

DOMINIQUE PITOISET

DOMINIQUE PITOISET - Critique sortie Théâtre
© Frédéric Desmesure

Publié le 10 novembre 2010

ENVERGURE NATIONALE ET ANCRAGE LOCAL

DIRECTEUR DU THEATRE NATIONAL DE BORDEAUX EN AQUITAINE (TNBA) DEPUIS JANVIER 2004, DOMINIQUE PITOISET A RECENTRE LES ACTIVITES DE CE CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL AUTOUR DE SON ECOLE (L’ESTBA, CREEE EN 2007) ET DE LA CREATION. APRES LE SUCCES REMPORTE PAR QUI A PEUR DE VIRGINIA WOOLF ?, LA SAISON DERNIERE, LE METTEUR EN SCENE REPREND CE SPECTACLE POUR TROIS REPRESENTATIONS.

« Je me suis toujours senti résolument lié à la question de la langue et des écritures. » Dominique Pitoiset
 
Quelle ligne artistique a orienté la programmation de la saison 2010/2011 du TnBA ?
Dominique Pitoiset : Tout simplement la ligne artistique qui découle du projet que j’ai mis en place dans ce théâtre lorsque j’en ai pris la direction en 2004. Cette ligne vise à toujours renforcer la place de la création, cela en s’organisant autour d’une colonne vertébrale constituée par le théâtre de texte, mais en s’ouvrant également aux autres disciplines artistiques que sont la danse, le nouveau cirque, le théâtre d’objet, les créations jeune public… Cet engagement pour l’éclectisme s’accompagne d’un autre objectif : présenter à la fois les œuvres incontournables du répertoire classique et les nouvelles écritures de la création contemporaine, les formes les plus inventives et innovantes. Le but de toute l’équipe est vraiment de trouver les équilibres qui peuvent permettre à notre programmation d’être la plus large, la plus diverse et la plus exigeante possible. Ces équilibres font du TnBA un théâtre à dimension nationale qui veille à être enraciné dans la proximité.
 
Quel est ce théâtre de texte que vous déclarez être au cœur de l’identité artistique du TnBA ?
D. P. : C’est le théâtre du verbe, du sens, de l’énonciation, un théâtre dans lequel l’être se révèle à travers ce qu’il dit, ce qu’il manifeste. C’est aussi le théâtre qui permet à chacun de s’identifier, dans son statut d’humain, à partir de ce que l’autre énonce, le théâtre qui permet de se réfléchir et de se penser à travers les mots de l’autre. Je me suis toujours senti résolument lié à la question de la langue et des écritures. J’ai été formé à l’école du théâtre concret, du théâtre de la langue incarnée, du théâtre de la communauté et de la citoyenneté. C’est l’esprit de ce théâtre-là – qui est nourri par l’utopie des Lumières – que j’essaie d’insuffler aux élèves de l’ESTBA. La création de cette école est l’une de mes plus grandes fiertés.
 
Qu’est-ce qui vous a décidé à mettre en scène Qui a peur de Virginia Woolf ?, spectacle que vous reprenez cette saison ?
D. P. : Ce spectacle est le premier volet d’une trilogie que j’ai souhaité consacrer aux grands auteurs américains du XXème siècle, des auteurs grâce auxquels j’ai eu envie d’explorer un théâtre de l’immédiat, un théâtre performant, en prise direct avec le réel. Qui a peur de Virginia Woolf ? est une pièce qui place face à face des visions opposées du monde. Les valeurs sur lesquelles le personnage de George (homme de lettres et du « passé ») a voulu fonder sa vie sont battues en brèche par le pragmatisme froid d’un jeune enseignant qu’il invite chez lui (homme des sciences et de l’« avenir »). Tout cela résonne de façon évidente aujourd’hui. Bien sûr, les sujets se sont un peu déplacés par rapport au contexte de l’Amérique des années 1960, mais la guerre aux mille facettes qui se joue dans ce texte est encore et toujours actuelle.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat


Qui a peur de Virginia Woolf ?, d’Edward Albee (texte français de Daniel Loayza) ; mise en scène et scénographie de Dominique Pitoiset. Du 4 au 6 novembre 2010.

A propos de l'événement



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