Troubles de la vue et troubles du langage
Le dessin lui est d’abord venu par crises. [...]
Focus -250-grand r / scène nationale de la roche~sur~yon
Du 5 février au 28 mai, le Musée de l’Abbaye Sainte-Croix des Sables-d’Olonne présente Disparaître sous toutes les formes, une exposition consacrée à la peinture de Valère Novarina. Gaëlle Rageot-Deshayes, conservatrice de l’institution, revient sur cet œuvre « qui joue d’apparitions et de disparitions ».
Qu’est-ce qui constitue le cœur du territoire pictural de Valère Novarina ?
G. R.-D. : La peinture de Valère Novarina me semble en effet un territoire, un espace à arpenter, mais sans limite, sans point focal, sans composition rassurante. Un espace qui au contraire nous est donné en perpétuel mouvement, débordant, sans limites établies. La saisie de l’image semble ne jamais s’achever, elle se poursuit d’un geste à l’autre, d’une couche de peinture sur l’autre, d’une toile à l’autre. Cette image mouvante, qui joue d’apparitions et de disparitions successives, capte la naissance et la mort du signe sans qu’il soit possible de faire la part des choses, d’en démêler les entrelacs. La peinture de Valère Novarina, comme ses dessins, se joue en actes et en gestes. Il s’agit d’une peinture d’improvisation, où rien n’est prévu par avance. Elle implique non seulement la main et l’esprit, mais aussi tout le corps du peintre, qui affectionne des formats adaptés à l’échelle humaine.
« La peinture de Valère Novarina, comme ses dessins, se joue en actes et en gestes. »
Quel parcours au sein de son œuvre avez-vous élaboré ?
G. R.-D. : Il m’a semblé important de revenir sur l’ensemble de son parcours graphique et pictural – qui s’amorce en même temps que son travail littéraire et traverse les mêmes problématiques -, de montrer les échos et les circulations d’un art à l’autre : de la plume à la toile et à la scène. Tout en insistant sur ses peintures, bien sûr, et en présentant ses toutes dernières œuvres, réalisées en 2016. Au début des années 1980, en un temps où l’abstraction formaliste déclinait et la figuration libérée triomphait, la « figuration obligée » de Valère Novarina a fait s’accorder, jusqu’au vertige, deux extrêmes : le respect d’une règle établie comme une épreuve et un geste libre, spontané, mis au service d’un renouvellement du langage.
Focus réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Tél. : 02 51 32 01 16. www.lemasc.fr
Le grand R, scène nationale de la Roche-sur-Yon, Esplanade Jeannie-Mazurelle, rue Pierre-Bérégovoy, 85000 La Roche-sur-Yon. Tél. : 02 51 47 83 83. www.legrandr.com
Le dessin lui est d’abord venu par crises. [...]