La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -277-Château d'Hardelot / Le Midsummer Festival

Didon et Énée, mis en scène par Benoît Bénichou

Didon et Énée, mis en scène par Benoît Bénichou - Critique sortie Classique / Opéra Condette Château d'Hardelot
© Xavier Ricard

THEATRE ELISABETHAIN / NOUVELLE PRODUCTION / PURCELL
Entretien Catherine Kollen

Publié le 28 mai 2019 - N° 277

Psyché de Matthew Locke par Sébastien Daucé et Didon et Énée de Purcell par l’Arcal

Aux sources de l’opéra anglais

Pour son dixième anniversaire, le Midsummer poursuit sa célébration de l’opéra baroque via cette années les figures de Locke et Purcell. Attentive aux mutations esthétiques actuellement engagées, Catherine Kollen, directrice artistique de la compagnie Arcal, nous invite à relire le mythe de Didon et Énée. Enfin, la création d’une nouvelle version, complétée par le chef Sébastien Daucé à la tête de son Ensemble Correspondances, du Psyché de Matthew Locke s’inscrit dans la volonté de fêter les cultures française et britannique. 

La directrice de l’Arcal évoque son Didon et Énée de Purcell mis en scène par Benoît Bénichou et dirigé par Johannes Pramsohler à la tête de son ensemble Diderot.

Qu’est-ce qui fait de Didon et Énée un objet de glose particulièrement intéressant ?

Catherine Kollen : C’est une œuvre d’une force et d’une densité incroyables – tout se joue en une heure –, dont la création est entourée de mystère. Bien que le livret date de 1689, l’année de la première représentation, les seules sources de partitions dont on dispose datent du 18ème, soit bien après la mort de Purcell. Il est intéressant aussi de noter que le drame superpose des éléments venus d’époques très différentes : aussi bien l’Antiquité des dieux et déesses que le 17ème et ses sorcières. De notre côté, nous avons reconstruit un prologue s’inspirant de celui du livret original de Didon et Enée, et de la descente aux enfers d’Enée contée par Virgile. Nous y avons aussi agrégé l’inspiration de Shakespeare, et celle d’Ovide qui, dans un postlogue, met en scène la rencontre de Belinda et Enée après la mort de Didon.

Scéniquement, qu’est-ce qui fait la spécificité de votre lecture de Didon et Énée ?

C. K. : Nous avons travaillé sur des ambivalences entre présent et passé, entre réel et imaginaire. Pour cela, nous nous sommes inspirés du travail de Robert Irwin, et avons utilisé des panneaux de tulle blanc pour délimiter plusieurs espaces. La scène de la grotte, par exemple, joue avec les codes des décors baroques en toile : un imprimé noir crée l’illusion de la profondeur par des effets de transparence et de perspective. Enfin, les lumières de Caty Olive magnifient cette ambiance noir et blanc où l’on passe sans cesse de l’ombre à la lumière. Elles contribuent notamment à mettre en relief le costume rouge que porte Didon, conçu selon un parallèle avec Elisabeth 1ère.

« Nous avons travaillé sur des ambivalences entre présent et passé, entre réel et imaginaire. »

Et musicalement, comment s’est opéré votre choix ?

C. K. : La partition de Didon et Enée peut s’accommoder d’effectifs très larges, mais nous avons préféré une approche plus intimiste, plus « mentale », mettant l’accent sur les instruments à cordes de tessiture grave. Pour cela, j’avais envie de travailler avec Johannes Pramsohler et son ensemble Diderot. Ce chef consacre beaucoup d’énergie à l’exploration du répertoire rare, il est aussi très actif avec son propre label, Audax.

 

Propos recueillis par Julien Hanck

A propos de l'événement

du vendredi 14 juin 2019 au samedi 15 juin 2019
Château d'Hardelot
Centre culturel de l'Entente cordiale, 1 rue de la Source 62360 Condette.

à 20h30.

 

Le Midsummer Festival

Du 14 au 29 juin.

Tel. 03 21 21 73 65.

Places : de 3 à 17 €.

www.chateau-hardelot.fr

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