Didier Ruiz, pour des nouvelles formes de transmission

« En 2012, ce qui m’a attiré dans le projet créé par Catherine Blondeau, la directrice du Grand T à Nantes, c’était que tout était nouveau. Tout était à inventer, à mettre en forme, du repérage du lieu à la conceptualisation de l’appel à candidature en passant par la scénographie. Je n’avais jamais piloté une équipe aussi énorme, et j’ai rencontré plein de gens, appris plein de choses. Au Théâtre Firmin-Gémier / La Piscine aussi, il s’agit d’une grosse équipe constituée de 104 experts et des personnels du théâtre et de ma compagnie. Le projet est moins étendu dans le temps mais reste un énorme « bazar » à conduire, tout aussi excitant que le premier.

Créer avec 104 experts

La direction artistique concerne la forme : le choix de la scénographie, les lumières, le graphisme, la communication, l’orientation des spectateurs. Elle régit aussi le fond : les experts prennent la parole à partir d’un protocole qui donne une direction à la présentation de leur sujet, de sorte qu’on ne se retrouve pas au comptoir du café du commerce. Tout le monde passe par le même filtre : un discours limité dans le temps à 5 minutes, avec un début, un milieu et une fin. Le vocabulaire doit être clair (pas de langage trop technique ou d’acronymes). La direction artistique concerne aussi des choses invisibles mais bien présentes : comment adresser la parole, regarder le public, respirer… Nous avons enfin imaginé la présence d’un clown, Alain Reynaud, car les spectateurs devant attendre leur tour, il fallait quelqu’un pour animer le lieu, comme dans les rues d’un vrai bazar ! Ce qui m’intéresse le plus dans ce projet ? Le lien avec le territoire, la transmission, la diversité humaine : trois éléments qui s’inscrivent dans ma démarche et dans celle de ma compagnie, La Compagnie des Hommes. »

Propos recueillis par Isabelle Stibbe