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DEUX CREATIONS DE JEAN-LAMBERT WILD

DEUX CREATIONS DE JEAN-LAMBERT WILD - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2010

ARTISTE SINGULIER ET NOVATEUR, JEAN LAMBERT-WILD EST PRESENT CETTE SAISON AU THEATRE DE L’ONDE AVEC DEUX CREATIONS 2010. LE RECOURS AUX FORETS D’APRES L’ŒUVRE EPONYME DE MICHEL ONFRAY ET COMMENT AI-JE PU TENIR LA-DEDANS ?, D’APRES LA CHEVRE DE M. SEGUIN D’ALPHONSE DAUDET.

Michel Onfray explore dans Le Recours aux forêts la tentation de Démocrite, philosophe grec matérialiste, à savoir « ce mouvement de repli sur son âme dans un monde détestable ». Poème visuel et sonore – Jean-Luc Therminarias signe la musique –, le spectacle se déploie dans un espace mouvant aquatique où courent les nuages, espace strié d’arbres morts cauchemardesques. Des voix off énumèrent et témoignent des horreurs du monde, guerres, crimes, injustices et abjections en tout genre. Et une silhouette se débat, celle du danseur Juha Marsalo, figure du rebelle chorégraphiée par Carolyn Carlson. « Un homme seul, perdu, abandonné, qui décide de devenir un animal » dit Jean Lambert-Wild.

Goûter de tous ses sens la liberté
 
Saisissant contraste entre la nudité radicale et primitive de la scène, et la multitude des malheurs humains égrenés par les voix ! Dans un autre registre, un spectacle familial, formidablement réussi, d’après la fable d’Alphonse Daudet sur cette fameuse et jolie petite chèvre qui a cédé à son envie de grand air et de liberté, s’est enfuie dans la montagne malgré le danger dont elle a été clairement prévenue, pour finir comme on sait. Grâce à la remarquable scénographie de Stéphane Blanquet et Jean Lambert-Wild et à la qualité de l’incarnation, combinant la voix narrative d’André Wilms et le jeu corporel de Silke Mansholt ou Chiara Collet (en alternance), tout est dit, et de façon extraordinairement pertinente, limpide et fluide : la frustration, la transgression, le plaisir infini de goûter de tous ses sens la liberté – cette scène, d’une beauté saisissante, laisse les enfants les yeux écarquillés de bonheur ! – , la peur, le danger, la mort. Que de contrastes dans cette fatale spirale de la vie ! Implacable comme une tragédie, tout à la fois beau et signifiant, ce spectacle enchante les petits et les grands, qui s’empressent à la sortie de discuter de cette histoire essentielle et hautement pédagogique…

Agnès Santi


Le Recours aux forêts, le 3 décembre à 21h et Comment ai-je pu tenir là-dedans? le 17 mai à 20h.

A propos de l'événement



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