Déjeuner en l’air, un spectacle musical intimiste écrit et interprété par Daniel Auteuil

« Avec ce spectacle, je ne découvre ni la chanson ni la scène. Ce qui est nouveau, c’est d’avoir mis en musique les textes des autres et les miens, légitimant mon désir de les chanter. Depuis trois ou quatre ans, j’ai une guitare avec moi : sur les tournages, entre deux scènes, dans les chambres d’hôtel, je transforme mes émotions en mélodies. À force, je me suis retrouvé avec une vingtaine de chansons. En les jouant avec un ami guitariste, j’ai senti naître une émotion particulière. Gaëtan Roussel les a arrangées pour la scène. Quand on joue un personnage, on reste caché derrière lui, mais quand on se présente pour chanter, on est soi-même. Le quatrième mur disparaît. La relation avec le public et l’émotion sont directes, dans un partage bouleversant. Pourtant, dans les deux cas, je continue de raconter la même histoire.

Le goût éternel des baisers

Je suis guidé par la volonté farouche de continuer à m’approprier ma propre vie et à dire mes propres fictions. La nostalgie ne m’intéresse pas. La poésie nous place au-delà de toute forme de tristesse et de mélancolie, dans une réalité et dans un temps suspendus, qui offrent aux spectateurs une place pour projeter leurs propres émotions. Pourtant, cet album et ce spectacle ne sont pas hors du temps. Les arrangements sont ceux d’une musique d’aujourd’hui, qui permet aux mots de Toulet (ce poète étrangement peu connu) et à ceux des autres d’être entendus et de donner l’impression que ces auteurs ont écrit la veille. La force de la poésie est qu’elle est de toute éternité. Et je trouve assez rassurant que le baiser ait aujourd’hui le même goût qu’il y a deux mille ans. »

Propos recueillis par Catherine Robert