Pour une Maison de la Culture populaire, dédiée aux artistes et à tous les publics, entretien avec Arnaud Meunier et Maxime Fleuriot
Après dix ans couronnés de succès à la tête [...]
Emilie Anna Maillet mêle réel et virtuel en un projet transmedia qui explore l’adolescence et sonde les paradoxes d’un âge mutant.
Comment ce projet est-il né ?
Emilie Anna Maillet : C’est la question de la mutation du corps et de la psyché à l’adolescence qui m’intéresse. Les adolescents adoptent une manière d’être et un positionnement face aux autres déterminés par ce rapport au corps et à ses transformations. Or, dans le monde virtuel des réseaux et des jeux vidéo, le corps est omniprésent, mis en valeur, retouché, exhibé, lissé alors que ce mode de communication permet de s’en passer : on peut entretenir des relations sans contact avec les autres. Pour aborder ces questions, je me suis donc dit qu’il fallait développer ce projet sur plusieurs médias virtuels. L’histoire est celle de treize adolescents qui communiquent via les réseaux sociaux jusqu’à une fête organisée chez l’une d’entre eux, apothéose du « crari », c’est-à-dire de la manière de « faire genre », pendant laquelle des images vont être volées et diffusées sur les réseaux…
Vous proposez donc plusieurs strates narratives et spectaculaires…
E.A.M. : Chaque personnage est construit à partir d’un corpus de textes (les « bibles » des personnages), qui reflète son positionnement face au monde. Chaque personnage a donc aussi son profil Instagram, alimenté tant par des productions maison que par les adolescents avec qui nous travaillons en ateliers, ainsi que son filtre Snapchat, des pastilles vidéo montées sur Tiktok. Des stories sont aussi postées comme l’invitation à la fête, vécue par les spectateurs sous la forme d’une expérience en VR performée. Ce n’est qu’au moment du spectacle en salle que les spectateurs recomposent le récit. Ce qui m’intéresse, c’est d’explorer la manière de faire récit avec ces nouveaux outils. Mais ce n’est pas le numérique qui est au cœur de mon interrogation, plutôt cet âge paradoxal qu’est l’adolescence, fait à la fois de tétanie et de vitalité, de futilité apparente et de brillance intérieure. Les adultes peinent souvent à regarder avec tendresse cet âge pourtant désarmant, cette mue traversée d’apparentes contradictions, entre naïveté et mauvaise foi, superficialité et profondeur.
Propos recueillis par Catherine Robert
relâche le 10.
Tél : 04 76 00 79 00.
Après dix ans couronnés de succès à la tête [...]
Après l'immense succès ô combien mérité de [...]
La metteuse en scène Katie Mitchell a élaboré [...]