Chloé Le Nôtre et Maeva Abdelhafid expliquent le fonctionnement et la finalité de CUB, incubateur de jeunes talents

Chloé Le Nôtre : Je suis convaincue de la nécessité d’accompagner de jeunes artistes. Un tel soutien leur fait vraiment gagner du temps. J’avais déjà eu cette expérience à La Villette avec le programme IADU. Quand je suis arrivée à l’Auditorium Seynod à Annecy, j’ai voulu continuer pour créer une dynamique d’accompagnement à l’émergence, notamment pour des projets pluridisciplinaires. D’où la création de CUB, un incubateur destiné aux artistes débutants.

Comment intervient la Caisse des Dépôts dans ce dispositif ?

C.L.N. : La Caisse des Dépôts finance l’incubateur CUB, la ville et l’Auditorium y contribuant également. Le soutien de la Caisse des Dépôts est important car c’est sur ce budget que nous pouvons rémunérer les artistes et l’organisation de la Carte blanche qui leur est dédiée et que nous présentons au public en juillet. C’est un accélérateur de maturité, il y a vraiment un avant et un après le passage par CUB. La Caisse des Dépôts nous permet également de prendre en charge les déplacements et les hébergements, donc de pouvoir nous adresser à des artistes nationaux, ce qui facilite le rayonnement hexagonal et aide à la professionnalisation.

« CUB m’a permis d’avoir des bases, d’être plus confiante et de connaître des interlocuteurs »

Pourquoi êtes-vous entrée dans cet incubateur ?

Maeva Abdelhafid : Monter un spectacle, une compagnie, demander une subvention étaient pour moi des notions très floues. C’est très difficile de partir de zéro. Nous avons été une dizaine d’artistes participants de champs et de milieux différents en théâtre, danse, cirque. Nous avons suivi des modules courts sur l’année et l’Auditorium Seynod a mis à disposition ses studios de répétition pour travailler sur notre projet. Diverses thématiques gravitent autour d’un axe central : lancer sa première création, de l’administratif aux éclairages ! Nous avons réalisé des mises en situation, échangé autour de nos futurs spectacles.

Comment le soutien s’organise-t-il concrètement ?

C.L.N. : Les modules amènent les jeunes artistes à réfléchir sur un montage de projet, la structuration d’une compagnie, en leur apprenant à calculer un budget prévisionnel, remplir une demande de subvention ou rédiger un dossier… Les artistes sont immergés dans la vie du lieu pour en comprendre le fonctionnement. Il est plus facile de formuler une demande quand on connaît le point de vue de la compagnie et celui du programmateur. Nous invitons des spectacles dans nos murs quand ils sont présents pour qu’ils puissent échanger avec des professionnels et appréhender tous les métiers du spectacle vivant. Et nous finissons par une présentation très exigeante devant le public d’un extrait de leur projet en fin de saison intitulée Carte Blanche.

Cet incubateur vous a-t-il aidée à créer votre première pièce, La voix du Cypher ?

M.A. : CUB m’a permis d’avoir des bases, d’être plus confiante et de connaître des interlocuteurs. L’année dernière j’ai fait partie du programme « création en cours » avec les Ateliers Médicis, ce qui nous a autorisé à continuer la création. Et j’ai rempli ma première demande de subvention à la DRAC cette année. La particularité de notre pièce est qu’il y a un « cypher » donc un cercle de danseurs et danseuses au plateau pendant toute la pièce et à chaque fois ce sont des participants différents que nous rencontrons via un appel à participation en amont du spectacle.  À Annecy, dans le cadre de la Carte Blanche, nous avons pu constater que le concept initial fonctionnait. Nous présenterons le spectacle le 29 juin au Manège de Reims.

Propos recueillis par Agnès Izrine