Sous apparence / Un jour ou deux
Ars Nova retrouve la fosse du Palais Garnier [...]
A l’occasion des 50 ans d’Ars Nova, le compositeur livre une nouvelle œuvre, « A l’agité du bocal », d’après Céline.
Quel lien entretenez-vous avec Ars Nova ?
Bernard Cavanna : Pour moi, cet ensemble est une famille, dont je connais pratiquement tous les membres, notamment les cuivres, un pupitre emblématique d’Ars Nova ! Les musiciens font montre d’un engagement complet, et j’apprécie la manière de travailler – calme, sereine – de Philippe Nahon. Entre 1995 et 2003, Ars Nova a joué une vingtaine de fois ma pièce Messe, un jour ordinaire, avec des ensembles vocaux professionnels mais aussi amateurs. Je voulais absolument créer A l’agité du bocal avec eux.
Comment vous est venue l’idée de mettre en musique A l’agité du bocal de Céline ?
B.C. : J’avais au départ un peu de méfiance vis-à-vis de Céline, toujours très sulfureux. Je suis venu à ses écrits relativement tard, vers l’âge de 40 ans. Le premier texte que j’ai lu était A l’agité du bocal, et j’ai ensuite lu pratiquement tous ses textes pour essayer de cerner le personnage, au-delà de son antisémitisme. J’ai choisi de transformer A l’agité du bocal en un objet musical. Ce texte, qui est une réponse à Sartre accusant Céline d’avoir touché de l’argent des Allemands, est une suite d’invectives. Il me paraissait important que la douleur de Céline puisse transparaître, que cette œuvre ne se limite pas à être drôle ou violente.
Pour quel effectif avez-vous écrit ?
B.C. : J’ai souhaité distribuer le texte à trois ténors : un léger, montant jusqu’au contre-ut, un presque verdien et un plus proche de la voix de baryton. J’utilise ces trois voix séparément ou simultanément, pour retrouver une certaine forme de démesure. L’ensemble comprend 18 musiciens, avec une couleur de foire, de cirque. J’utilise notamment deux cornemuses écossaises, un orgue de barbarie, un cor de chasse…
Propos recueillis par Antoine Pecqueur
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