Au commencement par le Collectif Nine Spirit

Le saxophoniste marseillais Raphaël Imbert et les neuf musiciens du Nine
Spirit, sont presque des habitués de L’Allan ! Leur collaboration avec la Scène
Nationale remonte à la création, en 2004, d’Amkoullel tiré d’Amkoullel,
l’enfant peul d’Amadou Hampâté Bâ. Produire ce spectacle hybride relevait
alors de la gageure. Un défi relevé avec succès : la « pièce rapportée de la
programmation » en devint l’un des temps forts. Trois ans plus tard, Didier
Levallet renouvelle sa confiance. Avec Au commencement, Raphaël Imbert
propose cette fois une création totale. Tous les éléments de l’?uvre (texte,
mise en scène, composition, arrangement, improvisation) résultent d’une
inspiration originale. Bercés par les problématiques de spiritualité dans le
jazz, le saxophoniste et son équipe axent le synopsis sur la genèse. « Du Big
Bang au Big Band », l’?uvre dessine un parallèle entre l’émergence du monde
et la naissance d’un orchestre. « Il ne s’agira pas d’exégèse ou de
discussion théologique, mais plutôt d’un numéro de jonglage avec les traces et
les mots qui restent gravés dans la mémoire collective », note Guy
Robert, coauteur de la pièce. Là encore, une histoire de confiance et d’amitié
relie Raphaël Imbert et ce dramaturge, écrivain et essayiste avec lequel il
travaille depuis quatre ans : « il est notre regard extérieur » souligne
Imbert. Le slameur marseillais Frédéric Nevchehirlian, une rencontre « coup de
foudre » lors d’un concert, assure la rédaction de la seconde partie. Son texte
et ses scansions poétiques se positionneront « en contrepoint » de la
première : une liberté revendiquée et une distance acquise par rapport au
sujet. Toutefois, pour Raphaël Imbert, « le produit final ne sera connu que
le jour du concert », le 22 mars, aspect du projet qu’il trouve aussi
« palpitant et passionnant que déroutant ».

La résidence de quinze jours à L’Allan, au mois de mars, leur permettra bien
sûr de rôder parfaitement la création. « Contrairement à d’autres lieux qui
relèguent les musiciens au grenier, L’Allan dispose d’un lieu de vie et de
répétition très convivial : la Maison au bord de l’eau. », s’enthousiasme
Raphaël Imbert. « C’est génial qu’un tel lieu puisse s’identifier à notre
projet. Montbéliard fait figure d’exception dans le paysage ! Y réside un vrai
respect du travail de l’artiste, loin des frilosités d’autres programmateurs.»

Anne-Laure Lemancel