La Terrasse

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ASCANIO CELESTINI

ASCANIO CELESTINI - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 juin 2010

LE MECANISME DE L’ASILE

FIGURE EMBLEMATIQUE DU THEATRE-RECIT, ASCANIO CELESTINI PRESENTE LA PECORA NERA (LA BREBIS GALEUSE). UN SPECTACLE SUR L’UNIVERS DE LA PSYCHIATRIE ET LES DERIVES DE LA SOCIETE CONTEMPORAINE.

« Je recueille des récits dont je me sers pour créer ma propre histoire. » Ascanio Celestini
 
De quoi traite La Brebis galeuse ?
Ascanio Celestini : Il s’agit d’une histoire que j’ai écrite en trois ans, de 2002 à 2005. J’ai commencé par faire des recherches sur un modèle d’asile que je croyais disparu, puis j’ai fini par écrire sur ce que j’appelle le mécanisme de l’asile. Bien que les pires institutions psychiatriques d’Italie aient aujourd’hui fermé leurs portes, ce mécanisme perdure. Il s’exprime dans des lieux comme les prisons ou les supermarchés.
 
Nicola, le personnage central de votre récit, vit dans une de ces institutions psychiatriques…
A. C. : Oui, mais sa carrière de « fou » commence à l’église, à l’école, dans sa famille. Dans ces institutions sœurs de l’hôpital psychiatrique où l’on apprend de véritables leçons de hiérarchie. Une pratique typique de l’école primaire italienne m’a toujours frappé : quand la maîtresse sort de la salle, elle nomme un chef de classe qui écrit au tableau le nom des gentils et des méchants élèves. Cette fonction s’apparente à celle de kapo, dans les camps de concentration. L’interné est lui aussi investi d’une forme d’autorité par l’institution. Notre société et notre histoire sont pleines de ce genre de personnages : l’infirmier, le caporal, le geôlier, le chef d’atelier… Il s’agit de ce que Primo Levi a appelé « la zone grise », la troupe qui survit, qui a la vie sauve non pas parce qu’elle est meilleure, mais parce qu’elle est de connivence avec le pouvoir. Nicola n’est justement pas un chef de classe. Il n’aura pas la vie sauve.
 
A partir de quel procédé d’écriture construisez-vous vos textes ?
A. C. : Je fais des interviews. Je recueille des récits dont je me sers pour créer ma propre histoire. Il ne s’agit pas d’enquêtes journalistiques ou sociologiques, je n’essaye pas de découvrir des scandales ou de comprendre comment fonctionne la structure sociale d’une communauté. Je cherche à faire naître des personnages qui soient le plus proche possible de personnes réelles. Non pas dans leur comportement, mais dans leur imaginaire.

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


(traduction d’Alice Mosca)

 
La Pecora nera, de et avec Ascanio Celestini. Le 29 juin à 20h30 au Théâtre de la Ville.

A propos de l'événement



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