La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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ARTURO CIRILLO

ARTURO CIRILLO - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 juin 2010

PORTRAIT DU FEMINIELLO

ARTURO CIRILLO, ACTEUR ET METTEUR EN SCENE NAPOLITAIN, MONTE UN TEXTE D’ANNIBALE RUCCELLO, DRAMATURGE POP ET POPULAIRE DES ANNEES 70. UN PORTRAIT CONTRASTE DU PITTORESQUE FEMINIELLO.

« Les personnages font théâtre d’eux-mêmes » Arturo Cirillo
 
Qui est Anibale Rucello ?
Arturo Cirillo : C’est un écrivain napolitain mort à trente ans dans un accident de voiture. Comme Pasolini, il s’inscrivait dans une culture de tradition populaire. Il avait étudié l’anthropologie et ses pièces témoignent d’une préoccupation constante pour la question de l’identité, ainsi que d’une vraie recherche sur la langue. Ses pièces mêlent l’italien, le napolitain et la nouvelle langue des mass media.
 
Le Cinque rose di Jennifer est-elle une œuvre populaire ?
A. C : C’est une pièce qui met en scène une figure typique de la culture populaire : le feminiello. Il s’agit d’un garçon, dernier né d’une famille nombreuse, qui se retrouve élevé uniquement par des femmes, se sent femme ensuite, sans pour autant vouloir changer de corps. Le feminiello était une forme de travesti très bien accepté dans les quartiers populaires de Naples. Mais cette pièce intègre aussi une culture pop, notamment à travers les chansons de Mina ou Ornella Valloni, figures semblables à Dalida pour les feminielli.
 
Pourquoi vous être saisi aujourd’hui d’une telle figure ?
A. C : D’un côté, j’aime beaucoup la capacité qu’a Ruccello à jouer avec des personnages auxquels il fait dire des choses terribles, mais dont on sent qu’il les aime beaucoup. Jennifer est un personnage réactionnaire, raciste, qui en même temps représente un alter ego de l’auteur. Par ailleurs, ce personnage incarne pour moi une représentation de la solitude, de l’impossibilité de se créer une identité claire sur laquelle fonder une relation avec l’autre. Je ne veux pas faire ici un théâtre social mais plutôt un théâtre mental. Tout au long de la pièce se multiplient les signes d’une déconnexion d’avec la réalité qui mène les personnages à faire théâtre d’eux-mêmes.

Propos recueillis par Eric Demey


Les cinq Roses de Jennifer, d’Annibale Ruccello ; mise en scène d’Arturo Cirillo. Le 24 juin à 20h30 au Théâtre des Abbesses.

A propos de l'événement



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