La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -150-odeon

ANDRÉ ENGEL

 

Publié le 10 septembre 2007

LE POUVOIR DE L’INVISIBLE

ENTRE VEILLE ET SOMMEIL, ANDRÉ ENGEL DONNE NAISSANCE À UN UNIVERS VOULANT ÉCHAPPER À LA RATIONALITÉ, AU SEIN DUQUEL PREND CORPS UNE FABLE MYSTIQUE SUR L’AMOUR FOU ET LE POUVOIR DE L’INVISIBLE.

Vous avez mis en scène Penthésilée de Kleist au début des années 80. Votre envie d’investir La Petite Catherine de Heilbronn est-elle liée à cette expérience ?
André Engel :
Absolument. C’est à cette époque que j’ai fait la connaissance de La Petite Catherine. Or, comme Kleist l’a dit, on peut difficilement s’intéresser à l’une de ces deux pièces sans s’intéresser à l’autre. Pour lui, elles étaient indissociables, formaient le « plus » et le « moins » d’une même mathématique. La Petite Catherine est une pièce très difficile à saisir, beaucoup plus touffue, beaucoup plus alambiquée que Penthésilée. Il s’agit d’une fable construite autour d’un mélange de très nombreux genres. Je me suis attaché à la simplifier en essayant de la ramener à ce qui me semble constituer son essence : la double quête amoureuse qui lie Catherine et le Comte.

Catherine apparaît comme le véritable point de stabilité de cette double quête…
A. E. :
Elle est tout à fait sûre d’elle : rien ne la fera fléchir ou changer de direction. Le caractère buté, têtu, de Catherine tient à une seule chose : elle a reconnu le Comte comme l’élu de son coeur, élu qu’un rêve lui a révélé. Ainsi, lorsqu’elle le voit dans la vie, elle pense tout simplement qu’il lui est dû. Rien ne peut affaiblir une telle conviction. Le Comte, lui, va devoir faire tout le chemin menant à elle. Il cherche désespérément l’âme soeur qui lui est destinée, l’inconnue qu’il a lui aussi vue en songe, mais sans s’apercevoir qu’il s’agit de Catherine. Tout Kleist est là-dedans. Cette double quête amoureuse revient, en quelque sorte, à retrouver la voie perdue du paradis.

Dans quel univers scénique situez-vous cette poursuite amoureuse ?
A. E. :
J’ai essayé de reproduire le lieu même où Kleist compose sa fable : le lieu de la perte de

« J’ai essayé de reproduire le lieu même où Kleist compose sa fable. » André Engel

mémoire, du somnambulisme, du trouble de la conscience… Un endroit entre veille et sommeil au sein duquel les personnages sont contemporains, mais habitent les ruines d’un monde qui remonte très loin dans le médiéval. Ils habitent ces ruines exactement comme ils habiteraient un appartement contemporain, mais en se situant en dehors du monde rationnel, du monde éveillé.


Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


La Petite Catherine de Heilbronn, d’Heinrich
von Kleist ; mise en scène d’André Engel. Du 10 janvier au 23 février 2008. Ateliers Berthier.

A propos de l'événement



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