Festival Sens dessus dessous

Pour ses dix ans, le festival Sens Dessus Dessous réaffirme sa vision d’une danse narrative, sensible et actuelle, loin d’une approche exclusivement conceptuelle voire absconse. Pour ce faire, Dominique Hervieu, à la tête de la Maison de la Danse, invite des chorégraphes qui témoignent d’approches physiques puissantes. C’est le cas de Youness Aboulakoul, qui poursuit sa recherche sur la mémoire corporelle traumatique, amorcée dans le solo Today Is a Beautiful Day. Cette année, avec Mille Miles, son premier projet de groupe, il mobilise cinq interprètes pour questionner les divers sens de la notion de frontière et ses paradoxes. Dans un autre registre, tout aussi intense, le Belge Jan Martens fait l’éloge de la passion amoureuse dans le magnifique duo Sweat Baby Sweat. Une pièce intemporelle créée en 2011, qui n’a rien perdu en émotion.

Danse-théâtre 

La Maison de la Danse fait aussi la part belle à l’esthétique de la danse-théâtre, avec Le Tambour de soie – un Nô moderne, porté par la danse sensuelle de Kaori Ito et le maître du théâtre japonais Yoshi Oïda. Ensemble, les artistes réactivent un célèbre conte de Nô, où une danseuse trompe un vieillard qui espère obtenir son amour. Dans cette fable merveilleuse, peuplée de fantômes, les deux performeurs de génération différentes révèlent les subtilités de leur relation touchante. Enfin, Alan Lucien Øyen, connu pour mêler texte, danse et scénographie cinématographique, déploie Story, story, die avec la compagnie Winter Guest. Une critique de notre société contemporaine, où l’on se trouve mobilisés à fond pour inventer et promouvoir des récits sur soi-même.

Belinda Mathieu