Festival Paroles au Paradis
©Légende photo : Simon Gauthier, un des sept mercenaires du dire au Lucernaire
Légende photo : Simon Gauthier, un des sept mercenaires du dire au Lucernaire
Publié le 10 février 2008
La salle du Paradis du Théâtre du Lucernaire met le conte à l’honneur pendant plus de deux mois en un festival original et surprenant. Occasion inespérée de découvrir ce genre vivace et merveilleux !
On sait depuis longtemps que les enfants du paradis sont de ceux qui continuent de rêver quand ils en ont passé l’âge ! Voilà pourquoi le festival du Lucernaire annonce la couleur en programmant les spectacles de ce festival du conte à 21h : c’est pour les adultes que les sept artistes invités cette année viennent parler, même si leurs spectacles peuvent parfois accueillir les plus jeunes, dès douze ou quatorze ans. L’art du récit, une des formes créatives les plus anciennes, est sans doute celle qui s’apparente le plus à la magie et à la capacité du verbe à rivaliser d’invention avec le monde, dans la simplicité risquée d’une solitude magnifique. Ni désuet ni poussiéreux, le conte a de nos jours et depuis longtemps quitté les âtres des veillées pour se ressourcer et se renouveler au contact du monde contemporain et de ses interrogations. Partie intégrante du spectacle vivant, les contes puisent à des sources d’inspiration variées, et les sept conteurs qui se relaient au Paradis pendant plus de dix semaines conduisent le public de Tchernobyl à la Route de la Soie, de Kabylie à Paris, des jardins orientaux aux paysages sardes.
Un verbe en liberté sur toutes les routes du monde
Du 29 janvier au 2 février et du 5 au 9, Simon Gauthier, conteur célèbre et reconnu au Québec, investit le Paradis avec Source(s), spectacle allégorique autour de l’eau, « source de discorde mais aussi source de vie et de renaissance ». Catherine Gendrin, qui dit puiser dans l’ailleurs son inspiration, raconte, du 12 au 16 février, Une Route bordée de soie et, du 19 au 23 février, Les Jardins d’Al Zahra, accompagnée par le musicien Nicolas Allemand. Du murmure des vents d’Asie Centrale à la fraîcheur des jardins andalous, la jeune femme invite le public à des voyages envoûtants. Du 26 février au 1er mars et du 4 au 8, dans Place du Paradis – Midan El-Fardous, Chirine El Ansary s’inspire librement des récits des Mille et une Nuits et propose une visite de Bagdad à partir de la Place du Paradis, son cœur battant, en une langue, un style et une présence ensorcelantes. Du 11 au 15 mars, Pierre Delye s’installe au Lucernaire Rien que pour vous ! et jongle avec les mots avec un art consommé du décalage et du merveilleux. Moussa Lebkiri interprète Le Jardin des roses et des soupirs, composé à partir de contes érotiques arabes des XIIIe et XVe siècles du 18 au 22 mars, et, du 25 au 27, Kif kif piment comme il respire, voyage au cœur de son propre chemin, entre la Kabylie et Paris. Enfin, les 28 et 29 mars, cet artiste tendre et malicieux raconte ses Mahbouleries. Du 1er au 12 avril, Pascal Rueff, accompagné par Philippe Ollivier et Morgan dit « l’intense, l’affreux et le vrai » de la catastrophe de Tchernobyl dans Mort de rien, témoignage essentiel entre récit et slam. Enfin, du 15 au 19 avril, Eric Pintus fait se croiser les influences méditerranéennes et nordiques dans Premier pas, partageant mots, souvenirs et paysages. Trop rarement présent dans les salles des théâtres parisiens, le conte trouve au Lucernaire le temps et les moyens de son installation et de sa magie : un rendez-vous à ne pas rater !
Catherine Robert
Festival Paroles au Paradis. Du 29 janvier au 19 avril 2008. Du mardi au samedi à 21h. Théâtre du Lucernaire (salle Le Paradis), 53, rue Notre Dame des Champs, 75006 Paris. Réservations au 01 45 44 57 34. Renseignements sur www.lucernaire.fr