Festival Du Bleu en Hiver, avec Supersonic, Bumcello, Eve Risser, Ches Smith…

Le pluriel s’impose pour ce festival qui s’autorise des tours et détours autour d’une musique dont le nom recouvre des réalités et esthétiques pour le moins diverses. C’est en ce sens qu’il faut entendre l’ouverture des festivités par Thomas de Pourquery, chef de cabine d’un vaisseau dénommé Supersonic qui prit pour modèle l’Arkestra de Sun Ra, autrement dit un bon sens de la communauté et un constant désir de briser les chapelles de l’orthodoxie. A l’horizon, une bande-son qui flirte avec le jazz cosmique. Dix jours plus tard, en guise de fermeture du bal, Bumcello donne une version atomique des improvisations les plus débridées : la paire composée par le violoncelliste Vincent Ségal et le (dé)batteur Cyril Atef n’ont de cesse depuis plus de vingt ans de sortir des cadres proprement dits du jazz tout en se rapprochant constamment de ce qui en fait son essence.

Diversalité des horizons

Entre-temps, entre Corrèze et Dordogne, les mélomanes prêts à la découverte auront de quoi rassasier leurs curiosités, avec une pluralité de propositions : l’orchestre de la pianiste Eve Risser associé à l’empire des sons total mandingue, le projet haïtien du batteur new-yorkais Ches Smith, l’ambitieux duo Rhizottome, soit le dialogue fécond d’un sax sopranino et d’un accordéon entre traditions réinventées et improvisations inédites, le batteur Antonin Leymarie en mode solo post-bruitiste sous l’intitulé Hyperactive Leslie, le quartet Lumpeks, chercheur de sons polonais, ou encore le guitariste Maxime Delpierre, dont les climats cinématiques ne sont pas sans écho avec Neil Young… Voici là quelques pistes, parmi les nombreuses pépites à découvrir d’une programmation qui démontre entre les lignes la vibrante vitalité d’une musique, dont l’avenir se joue bien souvent hors des grilles balisées, au plus près d’un monde qui bruisse de mille et une sonorités.

Jacques Denis