Festival d’Avignon
©Photo : Christoph Marthaler et Olivier Cadiot, artistes associés de cette 64e édition.
Photo : Christoph Marthaler et Olivier Cadiot, artistes associés de cette 64e édition.
Publié le 10 juin 2010
Du 7 au 27 juillet 2010, a lieu la 64e édition du festival d’Avignon, avec comme artistes associés le metteur en scène Christoph Marthaler et l’écrivain Olivier Cadiot.
Plus que jamais, avec au programme une vingtaine de spectacles qui ne sont pas encore nés, le Festival d’Avignon s’affirme comme un haut lieu de création, interrogeant l’être ensemble et la modernité à travers le prisme symbolique de l’art de la scène, modelant ou réinventant des formes esthétiques qui résonnent au cœur des bruits disparates et de l’éternelle folie des sociétés humaines. Le metteur en scène Christoph Marthaler et l’écrivain Olivier Cadiot, les artistes associés de cette 64e édition, fins observateurs et fins traducteurs du monde, proposent diverses créations. On se souvient de Riesenbutzbach de Marthaler l’an dernier, combinant en une remarquable partition corps, voix, mots, musique et scénographie. Cette année, la cour d’honneur et son histoire inspirent à Christoph Marthaler et sa scénographe Anna Viebrock Papperlapapp (expression allemande désuète signifiant blablabla), spectacle uniquement présenté à Avignon. Schutz vor der Zukunft (se protéger de l’avenir) de Marthaler a pour point de départ un hôpital de Vienne, centre d’expérimentations sur les malades mentaux pendant la période nazie. Olivier Cadiot et Ludovic Lagarde donnent corps à Un Mage en été, monologueinterprété par Laurent Poitrenaux, où le héros Robinson s’enferme dans une île intérieure, et Un Nid pour quoi faire, tableau d’une cour royale déjantée où Robinson promène sa lucidité. Retour d’un autre roi : La tragédie du roi Richard II, de Shakespeare, mis en scène par Jean Vilar lors du premier Festival en 1947, est créé par Jean-Baptiste Sastre dans une nouvelle traduction de Frédéric Boyer.
Exacerbation des sentiments
Un voyage en Mitteleuropa, dont l’identité multiculturelle se définit d’abord par sa somptueuse littérature aussi humaniste qu’extra lucide, est aussi prévu : Guy Cassiers adapte L’Homme sans qualités de Musil, Andreas Kriegenburg met en scène Le Procès de Kafka, François Orsoni crée Baal de Brecht. Tout au long du festival, les disciplines conjuguent leurs singularités pour faire sens, pour trouver une forme puissante et évocatrice adaptée à l’exacerbation des sentiments. Angelica Liddell assène au spectateur l’horreur qu’elle dénonce et expose : la violence faite aux femmes ou le pouvoir devenu monstre. Citons notamment Julie Andrée T, Jean-Lambert Wild, Christophe Huysman, Faustin Linyekula, Massimo Furlan, Falk Richter, Philippe Quesne, le GdRA, qui représentent la fragilité de l’expérience humaine et de singulières histoires contemporaines, entre douleur, tendresse, colère et empathie. La musique, avec Pascal Dusapin ou Rodolphe Burger, qui orchestrera un grand bal du 14 juillet sous le Pont d’Avignon, traverse aussi ce festival. De façon plus abstraite, les partitions chorégraphiques d’Anne Teresa de Keersmaeker, Pierre Rigal, Cindy Van Acker, Josef Nadj, Boris Charmatz et Alain Platel participent à l’expérience. Et comme le soulignent les multiples temps d’échanges, c’est la qualité de la rencontre entre l’œuvre et le spectateur qui constitue l’un des aspects les plus captivants du festival. Eblouissement, demi-mesure, nul ne sait à l’avance comment l’aventure façonnera nos mémoires, mais nous l’attendons avec impatience ! Hortense Archambault et Vincent Baudriller dédient cette édition à Alain Crombecque, disparu l’an dernier, qui dirigea le Festival de 1985 à 1992.
Agnès Santi
Festival d’Avignon du 7 au 27 juillet 2010. Réservation à partir du 14 juin : 04 90 14 14 14 ou www.festival-avignon.com.