La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Farid Paya / La sagesse des fils

Farid Paya / La sagesse des fils - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l’Epée de Bois
Farid Paya CR.DR

Théâtre de l’Epée de Bois / La Tragédie de Siâvosh et Rostam et Esfandiâr/ d’après Ferdowsi / texte et mes Farid Paya

Publié le 9 mai 2014 - N° 220

Après le succès de Rostam et Sohrâb, spectacle créé en 2012, Farid Paya complète sa Trilogie Ferdowsi avec deux nouveaux volets : La Tragédie de Siâvosh et Rostam et Esfandiâr.

Comment avez-vous entamé cette traversée du Livre des rois ?

Farid Paya : Après la catastrophe qui a abattu le Théâtre du Lierre, je n’arrivais pas à lire du théâtre et m’accrochais davantage à la poésie. J’ai repris la lecture des poètes iraniens et les retrouvailles avec Ferdowsi, que je connaissais bien, ont été une révélation. J’ai eu envie de le traduire et j’ai eu l’intuition qu’il y avait là matière à un magnifique spectacle. Avec Rostam et Sohrâb, j’ai eu l’impression de faire un petit spectacle par rapport à l’immensité du Livre des rois, et j’ai voulu développer mon travail en donnant quelque chose de plus consistant, à la hauteur de celui qui est un des plus grands poètes de l’histoire de l’humanité. Comme Rostam et Sohrâb avait été une réussite assez grande et que l’équipe était disponible, les conditions étaient réunies d’aboutir cette trilogie.

« L’intérêt de cet auteur tient surtout à toute sa réflexion sur la sagesse et l’art de gouverner. »

Quelle unité entre ces trois pièces ?

F. P. : Dans les trois cas, le héros est un jeune homme qui va mourir. Les rois et les pères ont-ils la sagesse ? A cette question, Ferdowsi répond que ce sont les fils qui ont la sagesse alors que les vieux sont ivres de combat. Ferdowsi remet en question la loi des pères, et la loi des rois. Sans déflorer les œuvres, je dirais que La Tragédie de Siâvosh raconte le combat de l’innocence pour la paix, et Rostam et Esfandiâr la rencontre entre deux héros invulnérables. Dans les deux cas, c’est une tragédie.

Quels choix scéniques pour cette épopée gigantesque ?

F. P. : Comme toujours, j’aime bien l’espace vide. Il n’y a donc ni éléphants, ni chevaux, ni armes ! Les acteurs sont essentiels au théâtre : ce sont eux les véritables médias, même si la mise en scène est importante pour régler l’ensemble. Les acteurs de ces deux spectacles, dont la cohérence scénique soutient l’unité (même s’ils peuvent être vus séparément), sont formés aux arts martiaux et à la danse. Ils ne disposent d’aucun artifice pour les aider à truquer, et ce qu’ils proposent est très beau.

Quel intérêt d’adapter Ferdowsi ?

F. P. : Comme la Chine, l’Iran a connu une extraordinaire continuité historique et culturelle depuis l’Antiquité. On a beaucoup démonisé l’Iran, et les tensions politiques ont occulté sa puissance culturelle. Retrouver l’immense poète qu’est Ferdowsi permet ce rappel. Mais l’intérêt de cet auteur tient surtout à toute sa réflexion sur la sagesse et l’art de gouverner. Enfin, il y a chez lui une dimension fantastique que j’aime beaucoup.

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

La Tragédie de Siâvosh / Rostam et Esfandiâr
du jeudi 5 juin 2014 au dimanche 29 juin 2014
Théâtre de l’Epée de Bois
Route du Champ de Manoeuvres, 75012 Paris, France

La Tragédie de Siâvosh. Du 5 au 29 juin 2014. Jeudi à 20h30 ; samedi à 16h ; dimanche à 15h30. Représentations scolaires les 6 et 26 juin à 14h. Rostam et Esfandiâr. Du 6 au 29 juin. Vendredi et samedi à 20h30 ; dimanche à 18h. Tél. : 01 48 08 39 74.

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