Les Mystères de Paris
William Mesguich met en scène la fresque [...]
Théâtre - Entretien Denis Marleau
Dans le cadre du festival Temps d’Images, le metteur en scène québécois Denis Marleau présente un spectacle à deux volets comprenant Dors mon petit enfant et Les Aveugles. Une fantasmagorie technologique qui ouvre la voie à « un nouveau territoire de jeu pour l’acteur ».
« Les Aveugles représente l’aboutissement des obsessions qui depuis longtemps habitaient le metteur en scène que je suis. Dès mes premiers collages dadaïstes, j’ai exploré certains registres de présence sur scène à travers le mannequin, l’effigie et aussi à travers une direction de jeu qui marionnettisait l’acteur. Quand j’ai lu l’œuvre de Maeterlinck, je me suis très vite mis à rêver à un chœur des visages créé à partir d’un seul homme et d’une seule femme. Ce rêve scénique s’est matérialisé, si l’on peut dire, après plusieurs mois de tournage et de montage dans la salle multimédia du Musée d’art contemporain à Montréal, où j’étais à l’époque en résidence. Cette installation a ensuite regagné le monde du théâtre de façon fulgurante, en voyageant pendant dix ans dans plusieurs pays. La création des Aveugles (ndlr, en 2002) a représenté un tournant dans mon parcours, un agrandissement des perspectives, si l’on peut dire, autant géographiques que dans ma propre recherche scénique.
Le regard et la voix
Cette façon de représenter le double ou le fantôme par le biais du masque vidéo – qui provoque une “inquiétante étrangeté” par sa ressemblance illusionniste avec la figure humaine – entraîne nécessairement une grande force d’introspection dans le jeu. Cette introspection correspond pour moi à quelque chose de fondamental au théâtre, quelque chose qui se résume à la question de la présence. Une présence toujours reliée à une recherche d’écoute de l’autre, où l’imprégnation du texte devient l’objet d’une véritable quête de vérité : vérité d’une inspiration qui passe seulement par le regard et la voix. Ce gros plan sur le visage peut constituer un nouveau territoire de jeu pour l’acteur. Mais ce n’est pas une finalité en soi, c’est un travail sur la forme toujours lié à une dramaturgie particulière, à des œuvres qui questionnent elles-mêmes le statut du personnage, sa façon d’être ou de ne plus être au monde. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
William Mesguich met en scène la fresque [...]