La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien Anna Nozière

La Petite

La Petite - Critique sortie Théâtre Paris. Théâtre national de la Colline.
Crédit : Elisabeth Carecchio Légende : L’auteure et metteure en scène Anna Nozière.

Publié le 6 septembre 2012 - N° 201

Porosité entre la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, l’intérieur et l’extérieur… Après Les Fidèles – Histoire d’Annie Rozier en 2010, l’auteure et metteure en scène Anna Nozière crée La Petite au Théâtre national de la Colline.

« La question de l’espace et du temps, de plusieurs espace-temps qui s’entrechoquent, se superposent, fusionnent pour de nouveau se séparer est l’une des choses que l’on retrouve dans chacune de mes pièces. Sans doute est-ce dû à mon enfance lors de laquelle, pour diverses raisons, rien n’était clair pour moi : la vie était poreuse, béante, déstructurée. J’avais beaucoup de mal à comprendre l’univers dans lequel j’évoluais, ce qui a créé, chez moi, une sorte de confusion. Je crois que mon écriture est née à l’endroit de cette confusion. Lorsque que je mets en scène mes textes, je passe d’ailleurs mon temps, sur le plateau, à essayer de saisir ce qui se cache exactement derrière ce que j’ai écrit. Car mon écriture est très mouvante. Parfois, on peut avoir l’impression de savoir exactement où l’on se situe et, en une seconde, on réalise que l’on se trouve ailleurs.

Un risque d’intrusion permanent                                                                              

Dans mes spectacles, la frontière entre le réel et l’imaginaire, le naturalisme et la théâtralité, le monde des vivants et celui des morts est souvent poreuse. C’est le cas dans La Petite, pièce au centre de laquelle une jeune femme enfermée dans un théâtre est traquée par le monde extérieur. Le risque d’intrusion est permanent. Quelque chose d’inquiétant plane tout au long de la représentation. Ici encore, le rapport entre les fantasmes et la réalité est central, ainsi que le rapport entre l’intimité et le reste du monde, entre l’intérieur et l’extérieur. Qu’est-ce que cet extérieur cherche à nous voler ? Face à toutes ces tentatives d’intrusion, qu’est-ce que l’on parvient à préserver de soi, de son intimité ? La Petite est traversée par ces questionnements et ces oppositions. Tout cela, bien sûr, fait naître une forme de complexité. Et tout l’enjeu de ma mise en scène est de résister au désir de résoudre cette complexité, tout en parvenant à faire en sorte que les spectateurs réussissent à se l’approprier, à voyager avec elle. »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

La Petite
du jeudi 27 septembre 2012 au samedi 27 octobre 2012
Théâtre national de la Colline.
15, rue Malte-Brun, 75020 Paris

Du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h. Tél. : 01 44 62 52 52. www.colline.fr.
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