La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Gros Plan

Extension : Le festival de tous les possibles

Extension : Le festival de tous les possibles - Critique sortie Classique / Opéra
Crédit : libre de droit / Légende : L’ensemble 2E2M à l’affiche du festival Extension.

Publié le 10 avril 2011 - N° 187

En 14 dates, 9 créations, un concours d’art radiophonique et quelques débats et discussions, le festival Extension fait le point sur les rapports qu’entretiennent aujourd’hui la musique et l’image.

Avec la création d’Orphée et l’invention progressive de l’Opéra, Monteverdi et ses contemporains ne se doutaient certainement pas qu’ils mettaient le doigt sur un problème majeur. Ce problème qui, depuis, agite vivement le monde musical, est celui du mélange de la musique avec les autres arts. La musique entretenait déjà des rapports tumultueux, passionnés et ambigus avec les mots. Présentez à ce couple agité du théâtre, de la danse, de l’image animée et interactive, et l’équilibre devient difficile à trouver. Aujourd’hui, cette problématique est plus que jamais alimentée : l’image envahit l’espace public et privé, les supports se multiplient, la technologie fait exploser le champ des possibles interactions entre musique et image animée. Artistes et compositeurs imprègnent leur art de ces changements. En cherchant des formes inédites, de nouveaux équilibres, ils prennent acte de ces passionnants enjeux.
 
Nouveaux langages, nouveaux horizons
 
C’est ce qui intéresse cette année le festival Extension. Pour sa 11e édition, cet événement, imaginé par la méticuleuse équipe de La Muse en Circuit, nous invite à découvrir un éventail de créations illustrant ces nouveaux langages. Au Théâtre des Bouffes du Nord, on assistera par exemple à The second woman, opening night-opera. Composé par Frédéric Verrières, mis en scène par Guillaume Vincent et joué par l’ensemble Court-Circuit, cet opéra est né d’un « détournement cinématographique » du film de John Cassavetes. L’ensemble 2E2M proposera par ailleurs un ciné-concert, où une œuvre du jeune compositeur Dimitri Kourliandski rencontrera des films russes anciens et contemporains. La musique de Steve Reich sera aussi mise en mouvement par Karine Saporta, dont la chorégraphie manipule les codes du concert et de l’opéra. Mais la musique seule, en concert, dans sa forme traditionnelle, peut aussi générer des images mentales foisonnantes, surtout lorsqu’elle est signée John Cage. Le bien nommé Ensemble Silence se penchera sur ce penseur et orchestrateur du silence, peut-être le compositeur qui influença le plus la musique dans sa rencontre avec les autres arts. Le panorama ne serait pas complet sans l’art radiophonique. À l’occasion du festival Extension, on pourra ainsi écouter les pièces des gagnants du concours Luc Ferrari. Ferrari était un poète de la phonographie, l’un des très rares compositeurs sensuels et instinctifs de musique acousmatique. On peut donc se réjouir qu’il existe un concours d’art radiophonique portant son nom et que son travail fasse école.
 
Réflexions
 
Dans un effort de démocratisation, de pédagogie et d’échange, des débats, des rencontres et des ateliers seront organisés. En partenariat avec le Centre de Documentation de Musique contemporaine, on s’interrogera sur les espaces de liberté possibles dans la composition de musique de film. Enfin, David Jisse, directeur de la Muse en Circuit, posera des questions fondamentales au cours de trois conférences dédiées à la musique utilisant la technologie : est-ce vraiment de la musique ? S’agit-il vraiment d’instruments ? Est-ce vraiment nouveau ? Vous avez des doutes ? Rendez-vous au festival Extension !
 
Sébastien Llinares


 

Du 24 avril au 24 mai. Tél : 01 43 78 80 80. Programme complet et réservation : www.alamuse.com.

A propos de l'événement


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