Eva Zavaro et Clément Lefebvre jouent Szymanowski et Fauré.

L’œuvre de Szymanowski commence à gagner dans le répertoire la place qui devrait être la sienne depuis longtemps : une voix singulière qui invente la modernité au début du xx^e siècle, comme le furent celles de ses contemporains Debussy (à qui on l’a souvent comparé), Ravel ou Stravinsky. Le disque de la violoniste Eva Zavaro et du pianiste Clément Lefebvre participe de cette reconnaissance tardive : leur lecture de la Sonate op. 9 l’impose comme un chef-d’œuvre ancré encore dans le romantisme mais ouvrant des perspectives expressives fascinantes. Placé sous le signe du « nocturne », l’enregistrement – et ces concerts – rapprochent le compositeur polonais de Fauré. Belle idée : là où le maître français se fait élégiaque, Szymanowski fait sourdre de la nuit une étrangeté magnifique autant qu’inquiétante.

Jean-Guillaume Lebrun