La Belle de Cadiz
Claire Nebout interprète la partition [...]
« C’est cette connaissance, cette intimité avec la langue, les modes de pensée, les traditions kabyles, qui donne aux descriptions-analyses ethnographiques […]
« C’est cette connaissance, cette intimité avec la langue, les modes de pensée, les traditions kabyles, qui donne aux descriptions-analyses ethnographiques d’Abdelmalek Sayad leur ton inimitable, immédiatement reconnaissable. Les metteurs en scène qui ont adapté des textes tirés de La Misère du monde ne s’y sont pas trompés et tous ont retenu l’un ou l’autre des personnages qu’il avait campés. », écrivait Bourdieu le 16 mars 1998, dans Libération, peu après la mort de celui qu’il considérait comme « un des plus grands sociologues de sa génération ». Les membres du projet réunis autour de la création de « Et puis, nous passions le pantalon français… » ne s’y trompent pas non plus, en choisissant de porter à la scène les textes lumineux et lucides de celui qui a sans doute le plus précisément éclairé la condition de l’immigré. Les sociologues Samir Hadj Belgacem et Farid Taalba ont contribué à l’élaboration du corpus des textes utilisés pour ce spectacle, mis en scène par Philip Boulay, et interprété par le collectif Quelques-unes d’entre nous, du quartier des Tilleuls de Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis. A partir des témoignages, entretiens et récits tirés de l’œuvre d’Abdelmalek Sayad, principalement dans La double Absence, apparaît « l’intimité collective » des immigrés, et le vertige de leur double exclusion : absents d’où ils sont partis et absents là où ils vivent et ne sont considérés que comme force de travail, revêtus du pantalon français, ce costume qui cache les contradictions d’une identité éclatée.
Catherine Robert
Claire Nebout interprète la partition [...]