La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Gros Plan

Electre des bas-fonds de Simon Abkarian

Electre des bas-fonds de Simon Abkarian - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Soleil
© Antoine Agoudjian.

texte et mes Simon Abkarian

Publié le 2 septembre 2019 - N° 279

Après les « tragédies de quartier » – Le Dernier Jour du jeûne et L’Envol des cigognes -, Simon Abkarian propose sa version d’Electre, une tragédie de chair et de sang d’une grande puissance dramatique. Avec de la musique, de la danse et des chants.  

Le cœur en lambeaux, toute de douleur, de misère, de colère, de haine obsessionnelle, l’Electre de Simon Abkarian, servante dans un bordel des bas-fonds d’Argos, est un personnage extraordinaire. Tout comme son frère Oreste, exilé en fuite qui se déguise en femme, poursuivi par les assassins d’Egysthe. Comme Clytemnestre aussi, mère dévastée qui pleure la mort de sa fille Iphigénie immolée par son père, mère qui a tué Agamemnon, l’époux assassin. « Laà ouà vit EÏlectre, il n’y a pas de dieux. Il y a la nuit qui n’en finit pas de tomber sur les damneÏs de ce monde. » confie l’auteur, metteur en scène et comédien, qui signe là un texte d’une force et d’une beauté sidérantes. La fable qu’il choisit de raconter est une histoire impressionnante de chair et de sang, de souffrances et de vengeances, où comme toujours Simon Abkarian rend justice aux femmes.

Une fête de théâtre

Nourrie d’expériences et de science, la langue hardie, limpide, éclaire à sa manière singulière les mythes, les meurtres et les malédictions. La scène mobilise ici tous ses moyens pour créer une fête de théâtre, en unissant la parole, la musique et la danse, en convoquant les spectres et en accordant une grande importance aux chœurs. « Le chœur donne sa puissance aux histoires individuelles. Le chœur est le témoin d’avant le meurtre. Il voit tout en amont. Il flaire le sang à venir, le pressent, l’annonce. C’est le chœur qui fait nôtre le protagoniste ; le premier athlète. Il en est la matrice. » confie Simon Abkarian. Un chœur de femmes qui dansent d’abord, où se dissimule Oreste, puis un chœur d’hommes de la maisonnée royale, et enfin un chœur de prostituées qui chantent et dansent, et racontent leur condition de putains asservies. La danse s’inspire notamment des gestes du Kathakali – on se souvient de la grâce de Kathakali Girls, épopée dansée par Catherine Schaub, Annie Rumani et Nathalie Boucher, à nouveau réunies pour Electre. Quant à la musique, les sons rock ou blues du trio Hawlin’ Jaws s’aventurent ici vers des rives inédites. Un spectacle à découvrir !

Agnès Santi

A propos de l'événement

Electre des bas-fonds de Simon Abkarian
du mercredi 25 septembre 2019 au dimanche 3 novembre 2019
Théâtre du Soleil
Cartoucherie, Route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris

les mercredis, jeudis, vendredis à 19h30, le samedi à 15h, le dimanche à 13h30. Tél : 01 43 74 24 08. Texte publié chez Actes Sud, à paraître le 18 septembre 2019.

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