Efeu de Thomas Hauert
Quatre lettres pour dire le « lierre », en [...]
À la Scala, Edouard Hue fait résonner deux pièces, Shiver et All I need, qui déploient une danse intense, technique et expressive. Ce programme nous fait traverser une palette d’émotions mais déçoit toutefois par un manque d’originalité et sa maladresse.
Installé en Suisse, Edouard Hue, chorégraphe trentenaire originaire d’Annecy, débarque à la Scala pour faire sonner son style percutant. La soirée s’ouvre sur un duo de 2019, Shiver, où le chorégraphe partage le plateau avec la danseuse Yurié Tsugawa. L’occasion de découvrir son écriture vibrante dans une petite forme : une danse très physique, expressive, qui joue avec habileté sur des alternances entre les raideurs et les souplesses du corps. Cette chorégraphie très bien exécutée, où le danseur et la danseuse se suivent, dialoguent, alternent habilement entre ensemble et soli, témoigne toutefois d’une esthétique convenue, qui peine à dépasser un lyrisme sans surprise, déjà vu dans le champ de la danse contemporaine.
L’explosion All I need
Cette introduction laisse place à All I need, pièce haletante pour neuf danseurs et danseuses, qui présage corps virtuoses et saturation d’énergie. Les interprètent font leur entrée en sous-vêtements, en frappant de concert les pieds sur le sol d’une allure martiale, avec force et maîtrise. Sur la douce électro de Jonathan Soucasse, qui emplit le plateau sans étouffer les gestes, ils affirment une dynamique de groupe, une masse qui se fragmente parfois, pour mieux se rejoindre ensuite. Puis, dans un deuxième tableau, ils apparaissent habillés, en ligne, rappelant presque le Kontakthof de Pina Bausch, pour livrer une danse expressive, où fluidité des gestes se confond avec une puissance viscérale. Fait d’arrêts sur image picturaux, de pulsations enivrantes et de tremblements, l’ensemble galvanise et ne manque pas de virtuosité. On pourrait voir dans leur intensité une patte semblable à celle de l’israélienne Batsheva dance company, de son directeur Ohad Naharin ou de l’un de ses anciens interprètes, Hofesh Shechter, pour qui Edouard Hue a dansé. Mais l’engouement tombe un peu à plat lors d’un passage de citations de discours politiques, notamment la phrase de Donald Trump qui entend « rendre à nouveau l’Amérique sûre » (make America safe again). Plutôt frontale et maladroite, cette référence répétée plusieurs fois nous arrache à la puissance de la danse, qui parle d’elle-même.
Belinda Mathieu
du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 15h. Relâche le 21 janvier. Tél : 01 40 03 44 30. Durée : 60 minutes. lascala-paris.fr.
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